Au Tchad, les radios privées rencontrent beaucoup de difficultés du point de vue fonctionnement et traitement salarial des personnels.
Les temps sont durs, témoigne le président de la Haute autorité des média et de l’audiovisuel (HAMA) du Tchad, Dieudonné Djonabaye, qui vient d’effectuer une tournée dans les provinces du Tchad.
"Elles ont un seul studio, une seule console, un émetteur, un seul enregistreur. Parfois, les studios ne sont même pas insonorisés. Ne parlons même pas de téléphone parce que c’est un luxe", explique-t-il.
"Et dans ces radios, pas seulement les conditions techniques, les ressources humaines n’existent. Parfois vous trouvez deux ou trois personnes qui n’ont même pas de traitement salarial."
Lazare Djékourninga Kaoutar, ex-secrétaire général de l’Union des radios privées du Tchad et directeur de Radio FM Liberté, ainsi que Diane Néloumal Koïdéré, PDG de la Radio Oxygène énumèrent, eux aussi, au micro de VOA Afrique, quelques difficultés que leurs entreprises rencontrent dans leur fonctionnement.
"Si on prend la ville de ville de N’Djamena, quand bien même il y a la société nationale d’électricité, vous pouvez passer deux à trois jours sans avoir de l’électricité", soulignent-ils.
"La chose suivante, c’est l’entretien ou la maintenance de nos dispositifs de diffusion, les émetteurs et les amplificateurs. On n’a pas des techniciens qualifiés pour les réparer en cas de panne. Il y a de cela deux ans, on était à peu près 32 radios privées, mais aujourd’hui, il y a beaucoup qui ont fermé leurs portes", ajoutent-ils.
Les deux responsables se questionnent : "Est-ce que les radios privées auront la possibilité de basculer au tout numérique ? Là aussi, ça nous inquiète, on risque de disparaitre en tant que radio. La radio vit de ses propres moyens, on n’a pas de partenaires, donc c’est difficile. On a des problèmes avec notre émetteur. Comme c’est grillé, on nous demande de l’envoyer au laboratoire en France, et ils nous disent ce qu’on peut faire. C’est dur. La nuit, je ne dors pas comme avant parce que je ne veux pas laisser tomber la radio".
Rassou Gagué, auditeur des radios locales connu pour son franc parler, lance un appel au gouvernement pour ramener le fond d’aide à la presse suspendu il y a quatre ans, afin de donner une bouffée d’oxygène aux radios privées, qui risquent de fermer leurs portes sous peu.
"Vous savez, l’aide à la presse ne vient pas. Ça permet même de recycler les journalistes de ces organes, parce qu’il ne faut pas rester cinq ans, dix ans, sans formation. Le grand problème aussi, c'est l’accès à l’internet, une vraie galère. Le journaliste d’une radio privée est comme un combattant qui va à la guerre sans armes, c’est un parcours du combattant", lance-t-il.
Le président de la HAMA, Dieudonné Djonabaye, a révélé que l’institution qu’il dirige et les responsables des médias sont en pourparlers afin d’adopter une nouvelle stratégie pour persuader certains partenaires à accorder des subventions aux organes de presse.
"Si vous avez une subvention de 100 millions à partager entre 30 ou 35 journaux, vous avez une soixantaine de radios, vous allez privilégier lesquelles ? Voilà les difficultés. Mais nous sommes en train de réfléchir sur comment amener les communes qui sont un peu nanties à accorder la subvention à ces radios", plaide-t-il.
Certains journalistes des radios privées du Tchad sont très mal traités du point de vu salarial. Mais compte tenu de la précarité de l’emploi, ils refusent de se prononcer sur cette situation, de peur d’être licenciés par leurs patrons.