Au Cameroun, l’opposition n’a pas pu présenter mercredi ses propositions sur la réforme du système électoral. La réunion annoncée à cet effet dans un hôtel de la capitale, Yaoundé, a été interdite par les autorités, suscitant de vives réactions.
Face au déploiement de la police, les membres de la plateforme de l’opposition n’ont pas pu accéder à la salle où ils étaient censés présenter au grand public la conclusion de leurs travaux menés depuis le 31 mars.
"Les partis politiques ont travaillé dur sur les règles du jeu électoral à proposer aux parlementaires et pour cette simple rencontre avec les journalistes, on est chassé alors que nous avons payé", s’indigne Sosthène Médard Lipot, un militant du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC).
Alors que les membres de l’opposition convergeaient vers la salle de réunion, les responsables de l’hôtel leur ont brandi un arrêté du sous-préfet du 3e arrondissement.
L’arrêté mentionne que la réunion de l’opposition a été interdite pour "ingérence dans les compétences législatives et tenue en cours de la session parlementaire".
"Je crois qu’il y’a une peur dans le camp gouvernemental lorsqu’on voit les forces de l’opposition unies", soutient Leonnel Kounga, militant du Social Democratic Front (SDF).
Pour la porte-parole du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), la décision des autorités d’interdire une réunion de l’opposition contribue à ternir l’image du Cameroun.
"Le sous-préfet avait –il besoin de créer cet incident ? Le parti au pouvoir est pourtant majoritaire au parlement, la procédure pour aboutir à déposer une proposition de loi est relativement longue, on aurait pu en discuter d’ici à là, au lieu d’envoyer un visage dictatorial du Cameroun où la société civile ne peut pas s’exprimer, où les formations de l’opposition n’ont rien à dire, où une simple réunion républicaine est interdite", confie à la presse Anne Féconde Biloa.
MRC, UMC et UDC ensemble
Après concertation devant l’hôtel, Maurice Kamto du MRC rejoint par Pierre Kwemo, président de l’UMC, vont laisser le soin à Patricia Ndam Njoya, présidente de l’UDC, de faire une déclaration.
"Nous allons nous organiser pour qu’on puisse informer, communiquer et sensibiliser l’opinion sur nos propositions, en attendant que le président de la république se prononce parce que nous avons voulu que le document soit consensuel, nous lui avons demandé de faire en sorte que le parti politique qui est majoritaire au Cameroun et qu’il conduit puisse nous répondre par rapport à nos propositions", a-t-elle déclaré à la presse.
En avril, Pr Jacques Fame Ndongo, secrétaire national à la communication du RDPC, le parti au pouvoir, avait indiqué que "les contributions des partis politiques, organisations ou personnalités de la société civile ne peuvent pas être adoptées à la rue mais par le Parlement".