Enjeu majeur de la guerre qui ravage la Syrie depuis plus de cinq ans, Alep est divisée en quartiers rebelles à l'est et quartiers prorégime à l'ouest.
Les deux camps renforcent leurs effectifs et se préparent pour la bataille qui leur permettrait de s'emparer de la totalité de cette deuxième ville du pays.
Depuis deux semaines, les combats se concentrent au sud et au sud-est d'Alep, mais dimanche les rebelles ont annoncé une nouvelle attaque contre le quartier gouvernemental de Zahra, à la périphérie ouest de la métropole.
"Début d'une opération militaire (...) pour libérer Zahra", a tweeté le groupe rebelle Faylaq al-Cham.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et des militants antirégime ont fait état dans l'après-midi d'un attentat à la voiture piégée dans ce même quartier, sans donner de bilan.
L'armée régulière, appuyée par des combattants iraniens, irakiens et du Hezbollah libanais, fait face à l'Armée de la conquête, une alliance entre les rebelles et les jihadistes du Front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra qui a renoncé à son rattachement avec Al-Qaïda).
Les troupes prorégime sont en difficulté à Alep depuis que les combattants antigouvernementaux se sont emparés le 6 août du quartier gouvernemental de Ramoussa (sud) qui leur a permis de briser le siège imposé aux secteurs rebelles de la ville.
L'armée de l'air syrienne et l'allié russe ont visé ces dernières 24H des secteurs rebelles à Alep et dans la province voisine d'Idleb aux mains de l'Armée de la conquête depuis 2015, a indiqué dimanche l'OSDH, soulignant que "la province d'Idleb est le réservoir humain des combattants de l'Armée de la conquête".
Au moins 45 civils ont péri en zone rebelle à Alep et dans sa province, alors que 22 ont été tués dans la ville et la province d'Idleb dans ces bombardements qui se poursuivaient dimanche selon l'OSDH. En outre, neuf civils ont péri dans l'ouest d'Alep par des tirs rebelles.
Le régime 'sous pression'
"Les forces du régime et leurs alliés sont actuellement sous pression à Alep après la grande défaite qu'elles ont subie face à l'Armée de la conquête au sud-ouest de la ville", a dit M. Abdel Rahmane.
Selon un correspondant de l'AFP dans les quartiers rebelles d'Alep, des raids aériens intenses visent le quartier de Ramoussa depuis que les insurgés s'en sont emparés il y a une semaine.
Ce quartier était la principale voie d'approvisionnement des secteurs gouvernementaux de cette ville où vivent dans l'angoisse d'un siège près de 1,5 million d'habitants -250.000 à l'est et environ 1,2 million à l'ouest.
Les rebelles tout comme le régime ont toutefois trouvé des routes alternatives pour faire parvenir nourriture, médicaments et carburants dans leurs secteurs respectifs, alors que l'ONU a réclamé de longues pauses humanitaires pour pouvoir acheminer l'aide nécessaire.
Déclenché en mars 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, le conflit en Syrie s'est complexifié avec l'intervention de parties étrangères et la montée en puissance de jihadistes. La guerre a fait plus de 290.000 morts et jeté sur les routes des millions de personnes.
Une fillette évacuée
Dans ce pays morcelé, le groupe Etat islamique (EI) occupe également de vastes territoires, même s'il a encore perdu du terrain avec la perte de la ville de Minbej face à une formation de combattants arabes et kurdes qui a bénéficié du soutien aérien de la coalition internationale antijihadistes dirigée par les Etats-Unis.
La Russie, elle aussi, vise l'EI. Dimanche, elle a mené des raids aériens sur la ville de Deir Ezzor occupée en grande partie par les jihadistes, détruisant six dépôts d'armes, deux centres de commandement et des véhicules de l'EI, selon le ministère de la Défense à Moscou, qui a fait état d'un nombre indéterminé de jihadistes tués.
Sur une note plus positive, une fillette de 10 ans blessée par un sniper à Madaya, ville rebelle assiégée par le régime au sud-ouest de Damas, a été évacuée dimanche vers un hôpital de Damas, après un appel à l'aide lancé par sa tante depuis Londres.
Le Croissant-Rouge syrien a évacué Ghina Qouwayder avec sa mère Sahar à Damas pour recevoir des soins, selon l'OSDH et un responsable syrien. Une photo partagée sur les réseaux sociaux a montré la fillette assise sur un brancard.
Avec AFP