Après des semaines de blocage, des camions et des passagers ont pu sortir de zones contrôlées par les rebelles du M23 dans l'est de la République démocratique du Congo et regagner la ville de Goma. Mais la réouverture des routes a tenu moins de 24 heures, a-t-on constaté jeudi dans la capitale provinciale du Nord-Kivu.
"La circulation des biens et des marchandises est désormais autorisée" sur une série de routes contrôlées par le M23, annonçait mercredi soir dans un communiqué le lieutenant-colonel Guillaume Ndjike, porte-parole du gouverneur de la province. Peu après cette annonce, un premier convoi regagnait Goma sans incident majeur.
La mesure est "suspendue jusqu'à nouvel ordre", a fait savoir le gouvernorat jeudi en fin de journée dans un nouveau communiqué, en affirmant que les rebelles venaient de "tuer un chauffeur" et de "piller toutes les marchandises". Depuis fin octobre 2022, le M23 s'est emparé de pans entiers du Nord-Kivu, provoquant la coupure de la circulation sur les principales routes de la province.
"Je viens d'arriver (à Goma) après d'énormes souffrances. Nous sommes restés là-bas pendant deux mois, nous dormions sous les véhicules", a raconté jeudi à l'AFP Zawadi Kavira, une passagère bloquée à Mweso, de l'autre côté des lignes de front, à une centaine de km au nord de Goma.
Cette agglomération d'environ 60.000 habitants est passée sous contrôle rebelle le 26 janvier. Depuis, le M23 progresse et continue de resserrer son étau sur Goma, ville de plus d'un million d'habitants, coincée entre la frontière rwandaise à l'est, le lac Kivu au sud et les rebelles au nord et à l'ouest.
Le 28 février, un groupe de députés du Nord-Kivu et la représentation provinciale de la Fédération des entreprises du congo (FEC), dans deux courriers discticts, demandaient au gouverneur et au président de la République la réouverture des routes afin de "permettre l'évacuation des denrées alimentaires vers la ville de Goma", précisait la FEC.
Le gouverneur avait répondu positivement à leur demande "dans l'intérêt de la population meurtrie par les effets de la guerre", avant de revenir le lendemain sur sa décision. Le M23 (pour "Mouvement du 23 mars") est une rébellion majoritairement tutsi restée en sommeil pendant près de dix ans et réapparue fin 2021. Kinshasa accuse le Rwanda de la soutenir, ce qui a été corroboré notamment par des experts de l'ONU.