"Les dégâts matériels et humains sont vraiment énormes", et le bilan est encore "provisoire", a déclaré à l'AFP le vice-gouverneur de la ville Néron Mbungu. "80% des dégâts sont causés par des constructions anarchiques", a-t-il ajouté.
Les quartier populaires, principalement sur les hauteurs de Kinshasa (Kisenso, Lemba, Mont-Ngafula), ont été les plus touchées.
Un quinzaine de personnes sont ainsi mortes dans celui de Lemba, le plus affecté par ces fortes pluies, selon un bilan provisoire.
Lemba a subi une série "d'érosions et d'éboulements" de terrains "qui ont englouti" les maisons, a rapporté la radio Top Congo.
Un spectaculaire effondrement de terrain y a coupé en deux sur la route monte vers le campus universitaire, a constaté une journaliste de l'AFP.
Le trou présente une profondeur d'une dizaine de mètre sur une vingtaine de mètres de large.
"Le collecteur (de l'eau) n'a pas pu supporter le volume des eaux et il a cédé, ce qui a entraîné la coupure de la route", a expliqué à la presse le maire du quartier, Jean Nsaka.
"Plus de 300 ménages sont inondés. Il y a beaucoup de maisons qui ont été détruites" rien que dans son quartier (ou commune), l'un des 26 de Kinshasa.
En d'autres endroits de la capitale, deux ponts se sont notamment effondrés, selon le vice-gouverneur.
Parmi les victimes, figure également "un enfant qui s'est électrocuté", a-t-il ajouté.
"Les gens sont têtus et ne respectent pas les normes de construction. Même si l'Etat dit qu'il ne faut pas construire, ils construisent. Voilà maintenant les conséquences", a déploré le vice-gouverneur.
La pluie a provoqué des dégâts ailleurs en République démocratique du Congo, immense pays touché par une "pauvreté généralisée" selon le Fonds monétaire international (FMI).
- 7 morts dans le Sud-Kivu -
Sept autres personnes ont été tuées dans la province du Sud-Kivu, "les unes ont été emportés par les eaux et les autres sont mortes suite aux éboulements", selon un élu local, Seth Wenga.
Des milliers de personnes ont été sinistrées par les inondations depuis fin octobre dans le nord-ouest du pays (province du Sud et du Nord-Ubangi, et de l'Equateur), le long du fleuve Congo ou de ses affluents.
A Kinshasa, une cinquantaine de personnes étaient mortes dans des érosions et des effondrements de terrain en janvier 2018, après une nuit de pluies diluviennes.
A l'époque, le précédent gouverneur André Kimbuta avait affirmé qu'"en vue de prévenir d'autres cas d'inondations", les autorités procéderaient "à la démolition de constructions anarchiques".
Troisième ville la plus peuplée d'Afrique, Kinshasa compte quelque 10 millions d'habitants, qui vivent le plus souvent dans des habitations précaires, la capitale ayant vu sa population croître constamment en moins de 20 ans.
En 2009, la Revue belge de géographie affirmait que dans le quartier de Ngaliema, "30% de la croissance urbaine s'est effectuée sur des pentes de plus de 15%, soit présentant un risque important d'érosion".
Cette croissance est le fait d'un "urbanisme de la pauvreté", avait déclaré en juillet 2017 au quotidien français Le Monde, Corneille Kanene, ex-directeur de l'agence onusienne Habitat, ajoutant: "les trois quarts de Kinshasa sont constitués de bidonvilles sans accès à l'eau ni à l'électricité".