Le gouvernement a décidé "ce lundi 19 octobre de lever la décision d'interdiction du film", indique un communiqué du ministre de la Communication et des Médias, Lambert Mende, lu à la télévision publique.
Réalisé par le cinéaste belge Thierry Michel et sa compatriote journaliste Colette Braeckman, "L'Homme qui répare les femmes" est sorti en Europe au printemps.
Début septembre, alors que le film devait être projeté à l'Institut français de Kinshasa, le gouvernement congolais avait annoncé avoir interdit sa diffusion, arguant que ce documentaire récompensé par plusieurs prix internationaux témoignait d'une "volonté manifeste de nuire" à l'armée congolaise et de "salir" son image.
M. Mende, par ailleurs porte-parole du gouvernement congolais, avait alors accusé le cinéaste belge Thierry Michel, auteur de plusieurs films sur le Congo, de faire mentir dans son commentaire les témoignages de personnes apparaissant à l'écran.
Dans les attendus de sa décision d'autoriser finalement le documentaire, le gouvernement relève l'"utilité" du film ("par-delà" la traduction litigieuse d'un de ses passages) pour accompagner "les efforts de la République démocratique du Congo et de la communauté internationale" pour lutter contre le fléau des violences sexuelles.
Sous-titré "La Colère d'Hippocrate", "L'Homme qui répare les femmes" montre le combat du Dr. Mukwege dans son hôpital de Panzi, à Bukavu, capitale du Sud-Kivu.
Dans cette institution qu'il a créée en 1999, le Dr Mukwege aide à se reconstruire physiquement et psychologiquement les femmes victimes de viols accompagnés de violences sauvages commis à grande échelle dans l'est de la RDC depuis une quinzaine d'années, d'abord pendant la deuxième guerre du Congo (1998-2003), puis au cours des différents conflits armés qui se succèdent ou se superposent dans cette région.
L'ONU avait jugé l'interdiction du film en RDC était "une atteinte inadmissible à la liberté d'expression".
Le Dr Mukwege, lauréat en 2014 du Prix Sakharov pour les droits de l'homme du Parlement européen, y avait vu pour sa part un signe du "climat d'oppression" qui règne en RDC à l'approche d'échéances électorales importantes.
Avec AFP