Lors d'une réunion mardi dans le cadre de l'Assemblée générale des Nations unies, incluant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, les participants ont salué "l'engagement exprimé par les autorités congolaises à respecter la Constitution", a indiqué un communiqué publié à l'issue de la rencontre.
Outre les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la France et la Grande-Bretagne, étaient représentés à cette réunion la RDC, l'Union européenne, l'Union africaine, l'ONU et différents groupes régionaux.
Les participants ont aussi souligné "la nécessité de mesures de confiance supplémentaires pour créer des conditions propices à la poursuite et à la réussite du processus électoral", précise le communiqué.
La réunion au siège de l'ONU s'est tenue sans le président congolais, qui inaugurait mardi un "forum pour la paix" au Kasaï.
Accord de la St Sylvestre
A huis clos, elle s'est tenue sous la présidence du secrétaire général adjoint de l'ONU chargé des opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, et elle visait à "ouvrir la voie à des élections crédibles", avait indiqué à l'AFP avant la rencontre un responsable de l'ONU sous couvert d'anonymat.
L'initiative avait aussi pour objectif de favoriser "une meilleure coordination des efforts internationaux, régionaux et sous-régionaux" pour "la mise en oeuvre de l'accord du 31 décembre 2016", selon cette source.
L'ONU et sa mission en RDC (la Monusco) misent sur une application "complète et de bonne foi" de cet accord, pour éviter de nouvelles violences liées au maintien au pouvoir du président Joseph Kabila, dont le second mandat de cinq ans avait officiellement pris fin le 20 décembre 2016. La Constitution lui interdit de se représenter.
Conclu sous l'égide de l'Eglise catholique, après des dizaines de morts à Kinshasa les 19 septembre et 19 et 20 décembre 2016, cet accord de la St-Sylvestre prévoit des élections présidentielle, législatives et provinciales "au plus tard en décembre 2017".
Alors que le Premier ministre Bruno Tshibala a promis lundi "un calendrier (électoral) réaliste dans quelques jours", cette échéance de décembre apparaît chaque jour plus irréaliste.
Le recensement des derniers électeurs doit durer au moins jusqu'à la mi-décembre dans la région du Kasaï, théâtre de violences depuis un an, des violences condamnées mardi dans le communiqué publié à New York.
Et le Parlement doit encore voter des lois électorales. Le président de l'Assemblée, Aubin Minaku, cadre de la Majorité présidentielle (MP) pro-Kabila, parle d'élections "dans un délai accepté, sans précipitation inconsidérée, ni lenteur excessive".
Comme en 2016, à l'approche de la fin du mandat de M. Kabila, la tension monte donc de nouveau à l'approche de l'échéance de décembre 2017. Un report des élections courant 2018 pourrait être accepté par les anti-Kabila, mais pas au-delà, selon une source diplomatique à Kinshasa.
'L'homme qui répare les femmes'
Les deux leaders de l'opposition, Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi, exigent "une transition sans Kabila", conduite par des "personnalités consensuelles", pour "préparer des élections démocratiques, libres, transparentes et paisibles".
Des regards se tournent vers le gynécologue Denis Mukwege. "L'homme qui répare les femmes" violées dans l'est de la RDC a été reçu début septembre par le président français Emmanuel Macron à l'Elysée.
La majorité pro-Kabila rejette cette idée d'une "transition sans Kabila", accusant ses partisans de vouloir "remettre en cause la Constitution et l'accord de la Saint-Sylvestre pour déstabiliser tout le processus électoral", selon son porte-parole André-Alain Atundu Liongo.
Plusieurs éléments aggravent la crise politique en RDC, pivot instable de l'Afrique centrale avec ses neuf frontières, 2,3 millions de km2, quelque 70 millions d'habitants, 3,8 millions de déplacés internes et 500.000 réfugiés du Rwanda, du Burundi, du Soudan du Sud et de Centrafrique.
Dans ce pays qui figure parmi les plus pauvres au monde, la dépréciation du franc congolais par rapport au dollar a produit une forte inflation.
Des groupes armés sont aussi toujours actifs dans l'est frontalier du Sud-Soudan, de l'Ouganda, du Rwanda et du Burundi, tandis que l'ONU a enregistré en août "une augmentation importante" des violations des droits de l'homme.
Avec AFP