Condamné à mort pour crimes de guerre, le chef militaire de cette milice qui sème la terreur dans cette province, s’est rendu aux autorités congolaises accompagné d’une centaine de ses miliciens.
Il a fait sa reddition à la mi-journée à une quarantaine de kilomètres de Lubumbashi sur la route Kasenga .
Kyungu Mutanga, alias "Gédéon" est sorti de clandestinité à l'occasion d'une cérémonie officielle impromptue en son honneur devant quelques centaines de policiers et militaires et quelques dizaines de badauds à proximité de l'assemblée provinciale du Haut-Katanga.
Arrivé à bord d'une jeep de l'armée, M. Kyungu Mutanda, accusé d'être à la tête d'un groupe rebelle sécessionniste ("Bakata Katanga") ayant semé la terreur au Katanga ces dernières années, a été accueilli par des danses et des chants festifs interprétés par une fanfare.
"J'avais reçu des armes en 1998 (pendant la deuxième guerre du Congo, NDLR) de feu Mzee Laurent Désiré Kabila (le père de l'actuel président congolais Joseph Kabila assassiné en 2001) pour barrer la route aux ennemis rwandais", a-t-il déclaré en kiluba, la langue des Lubas, l'ethnie des Kabila.
"Aujourd'hui, répondant à l'appel du président Joseph Kabila (exhortant les groupes armés à se rendre, NDLR), je suis venu déposer les armes", a ajouté le chef milicien, barbu et chapeauté, qui arborait un tee-shirt à l'effigie du président Kabila barré du slogan "Shikata" ("demeure", "reste longtemps" en kiluba).
"Nous voulons la paix. Je n'ai peur de personne, ni de la justice de mon pays", a-t-il lancé sur un ton dédaigneux avant de quitter les lieux à bord de la voiture du gouverneur du Katanga, Jean-Claude Kazembe, présent sur les lieux.
"L'ex-seigneur de guerre Gédéon a déposé les armes. C'est une victoire pour le peuple congolais", a déclaré à l'AFP le général Philémon Yav, chef de la 22e région militaire, couvrant le Katanga.
"Les négociations pour aboutir à ce résultat ont duré plus d'une année", a ajouté l'officier, appelant les quelques dizaines de groupes armés encore actifs dans l'est du pays à "suivre ce bon exemple".
Interrogé sur le statut de M. Kyungu Mutanga, le général Yav a déclaré que celui-ci était "sous la surveillance de l'armée", mais qu'il n'était ni détenu, ni en résidence surveillée.
A la tête d'une groupe maï-maï (milice d'auto-défense) pendant la deuxième guerre du Congo (1998-2003), "Gédéon" avait refusé de rendre les armes à la fin du conflit. Arrêté, il avait été condamné à mort en mars 2009 pour "crimes de guerre, crimes contre l'humanité, mouvement insurrectionnel et terrorisme" avant de s'évader en septembre 2011.