"L'alternance fait partie des éléments de la stabilité d'un pays (...) Nous avons une génération aujourd'hui au pouvoir, il faut qu'une autre génération se prépare", a déclaré à la presse l’opposant lors d'une conférence de presse à Kigali.
Âgé de 46 ans, M. Mapyiamana, journaliste de profession est un quasi-inconnu au Rwanda, pays qu'il a quitté en 1994 pour la République démocratique du Congo (RDC) en même temps que des centaines de milliers de Rwandais hutu fuyant l'avancée du Front patriotique rwandais (FPR) du président actuel Paul Kagame, qui allait mettre fin au génocide des Tutsi et prendre le pouvoir.
Les massacres ont fait, à partir d'avril 1994, environ 800.000 morts selon l'ONU, essentiellement parmi la minorité tutsi.
M. Mpayimana a par la suite vécu au Congo Brazzaville et au Cameroun avant de s'installer en France en 2003.
Arrivé mardi à Kigali depuis Paris, il est le troisième candidat déclaré à la présidentielle d'août 2017, après l'annonce en décembre de la candidature de Frank Habineza, le président du Parti démocratique vert - seule formation d'opposition reconnue par les autorités - et celle de M. Kagame.
Une réforme controversée de la Constitution adoptée en décembre 2016 permet à M. Kagame de se représenter cette année et, potentiellement, de diriger le pays jusqu'en 2034.
Si la Constitution du Rwanda consacre le multipartisme, il n'existe pratiquement pas d'opposition dans le pays, le FPR contrôlant d'une main de fer les sphères politique, sociale et économique du Rwanda.
Plusieurs partis d'opposition ne sont pas reconnus par les autorités qui les considèrent comme des ennemis de l'Etat ou les accuse d'être proches de génocidaires présumés. Beaucoup de personnalités de l'opposition ont été emprisonnées ou ont choisi l'exil.
En janvier, un autre opposant rwandais en exil en France, Thomas Nahimana, qui lui aussi souhaitait présenter sa candidature à la présidentielle, avait affirmé avoir été empêché d'entrer sur le territoire rwandais à deux reprises.
En 2010, l'opposante rwandaise Victoire Ingabire, présidente des Forces démocratiques unifiées (FDU), une formation d'opposition non reconnue par Kigali, avait été arrêtée peu de temps après son retour au Rwanda pour se présenter à la présidentielle de la même année.
Mme Ingabire avait demandé que les auteurs de crimes contre les Hutu soient aussi jugés. Kigali l'avait accusée d'avoir, par ces propos, nié la réalité du génocide des Tutsi. Elle purge depuis une peine de 15 ans de prison notamment pour "conspiration contre les autorités par le terrorisme et la guerre" et "minimisation du génocide de 1994".
Avec AFP