"Nous vous écrivons pour exhorter votre gouvernement à soutenir le renouvellement et l'élargissement des sanctions ciblées de l'Union européenne à l'encontre d'officiels de haut rang de la République démocratique du Congo", écrit HRW dans une lettre aux responsables et ministres de l'Union européenne datée du 30 novembre, diffusée le 4 décembre.
Bruxelles doit se prononcer, courant décembre, sur le prolongement des sanctions qui visent M. Ramazani Shadary et une quinzaine de personnalités congolaises. Ces sanctions ont été prises début 2017 pour atteinte aux droits de l'Homme et entrave au processus électoral en RDC.
A trois semaines des élections, "la répression se poursuit ; les responsables des exactions commises par le passé n'ont pas eu à répondre de leurs actes et l'environnement propice à la tenue d'élections crédibles est inexistant", explique HRW.
Pour cette organisation, "la RDC se dirige vers des élections chaotiques, répressives et frauduleuses. Aucun des 16 individus [visés par les sanctions] n'a fait objet d'une enquête ni n'a été traduit en justice pour son implication présumée dans de graves violations des droits humains".
"Dans ce contexte, la levée des sanctions signifierait que l'UE tolère l'impunité et encourage purement et simplement les hauts responsables et autres proches de Kabila à poursuivre leur répression violente", estime l'ONG.
Vendredi, la RDC avait menacé l'UE de rétorsion si Bruxelles ne levait pas d'ici le scrutin du 23 décembre les sanctions qui visent M. Ramazani Shadary ; ancien ministre de l'Intérieur du 19 décembre 2016 au 21 février 2018, à une période de forte contestation du pouvoir de M. Kabila.
Pour Kinshasa, ces sanctions européennes représentent "un cas flagrant d'ingérence inacceptable dans le processus électoral congolais".
Le climat politique est tendu en RDC à la veille des scrutins. Des partisans du pouvoir et ceux de l'opposition s'accusent mutuellement de provocation et de violences.
Selon Human Rights Watch, depuis janvier 2015, les forces de sécurité congolaises ont "tué au total près de 300 personnes lors des manifestations politiques généralement pacifiques et arrêté environ 2.000 activistes pro-démocratie et dirigeants et partisans de l'opposition". La plupart ont été relâchés par la suite.