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La RDC veut poursuivre Germain Katanga, condamné par la CPI, et le maintient en prison


Germain Katanga durant son procès à la CPI à La Haye, le 23 mai 2014.
Germain Katanga durant son procès à la CPI à La Haye, le 23 mai 2014.

Germain Katanga devait sortir de prison lundi. Mais le ministre de la Justice congolais a annoncé qu'il ne serait pas libéré, car deux procédures judiciaires sont en cours contre lui.

Kinshasa a annoncé, lundi 18 janvier, sa volonté de poursuivre l'ancien chef de guerre congolais Germain Katanga, condamné par la Cour pénale internationale (CPI) pour son rôle dans un massacre lors du conflit en Ituri, dans l'est de la RDC, ayant fait environ 200 morts en 2003.

Germain Katanga a été transféré à Kinshasa en décembre pour finir de purger sa peine et était censé sortir de prison lundi, compte tenu de son temps passé derrière les barreaux en préventive et après avoir obtenu début novembre une remise de peine pour sa bonne conduite pendant les procédures et le fait qu'il ait exprimé des regrets pour ses victimes, selon la CPI.

Mais "il ne sera pas libéré", a déclaré le ministre congolais de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba, dans un entretien avec l'AFP.

Après son transfèrement à Kinshasa, l'ONG de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch avait appelé les autorités congolaises à le poursuivre"pour des crimes de guerre autres que ceux pour lesquels il a été condamné par la CPI et à lui garantir "un procès équitable et rapide".

Germain Katanga "a été poursuivi auprès de la CPI pour des crimes bien précis, mais il reste impliqué dans d'autres dossiers tout aussi graves", a justifié le ministre, précisant que "deux procédures (étaient) en cours contre lui" en RDC.

Assassinat de neuf Casques bleus

La première "concerne son rôle dans l'assassinat de neuf Casques bleus" en Ituri en 2005, a ajouté M. Thambwe Mwamba. La seconde touche aux "contacts" que Germain Katanga a "continué à avoir avec d'autres officiers qui sont poursuivis", a encore dit le ministre, sans donner davantage de détails afin de préserver le secret de l'instruction.

Germain Katanga "aura un procès tout à fait juste", a assuré le Garde des Sceaux, "il peut recourir à tous les avocats qu'il veut pour pouvoir se défendre".

Surnommé Simba ("Lion" en swahili) pour sa férocité lorsqu'il était à la tête de sa milice des Forces de résistance patriotiques en Ituri (FRPI), Germain Katanga, 37 ans, a été condamné par la CPI en 2014 à 12 ans de prison pour sa complicité dans l'attaque d'un village du nord-est de la RDC ayant fait environ 200 morts en 2003.

Il avait été transféré à Kinshasa le 19 décembre, avec un autre Congolais condamné par la CPI, Thomas Lubanga, afin de finir sa peine en RDC.

Le pays a été déstabilisé par deux guerres entre 1996 et 2003 et sa partie orientale reste ravagée par des conflits armés alimentés par des différends ethniques et fonciers, la concurrence pour le contrôle des ressources minières et des rivalités entre puissances régionales.

Mettre fin à l'impunité

D'innombrables atrocités ont été commises (viols, assassinats, esclavage...) durant toutes ces années par toutes les parties ayant pris part aux conflits, et la quasi-totalité d'entre elles sont restées impunies.

Depuis 2014, les autorités congolaises ont néanmoins pris un certain nombre de mesures pour tenter de mettre fin à l'impunité dont ont bénéficié les auteurs de ces crimes, régulièrement dénoncée par les Nations unies et nombre d'organisations de défense des droits de l'Homme.

Le président Joseph Kabila a ainsi nommé un représentant personnel chargé de la lutte contre les violences sexuelles et l'enrôlement d'enfants par des milices. Plusieurs officiers supérieurs ou généraux (pour certains d'anciens rebelles intégrés au sein des forces armées), ont par ailleurs été condamnés par la justice congolaise pour divers crimes de guerre.

L'Ituri, région riche en or, a été le théâtre d'affrontements particulièrement sanglants entre milices rivales constituées sur une base essentiellement ethnique entre 1999 et 2007. Selon certaines ONG, jusqu'à 60 000 personnes sont mortes dans ces violences.​

Avec AFP

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