Le match sera sans enjeu, puisque l'Atletico, vainqueur 1-0 à l'aller, est déjà assuré de la première place et le Bayern de la seconde. Mais il offre un test de haut niveau aux deux entraîneurs pour passer en revue leurs réglages.
Atletico, grand en Europe, petit en Liga
Le paradoxe de l'Atletico cette saison, c'est d'avoir triomphé d'un groupe plutôt relevé en Ligue des champions... et de connaître parallèlement un gros trou d'air en Championnat d'Espagne.
Après 14 journées, l'équipe de Diego Simeone n'est que quatrième, à déjà neuf longueurs de la tête. Et les "Colchoneros" n'ont pas gagné quatre de leurs six derniers matches de Liga, dont une gifle dans le derby contre le Real (0-3).
Ces deux visages témoignent peut-être du dilemme tactique qui agite l'"Atleti": être devenu meilleur en attaque, mais moins bon derrière.
En début de saison, Simeone a fait évoluer son équipe pour donner les clés aux petits gabarits créatifs: Griezmann, Gameiro, Carrasco, Correa... Et si cela a donné des scores aussi larges qu'inhabituels pour l'Atletico (5-0, 7-1...), le légendaire bloc défensif "rojiblanco" s'est fissuré, notamment avec la suppression d'un milieu défensif et le replacement dans l'axe du relayeur Koke.
"Peut-être qu'au moment de défendre, nous sommes plus fragiles. Il faut redevenir une équipe robuste derrière", a lancé en novembre le capitaine Gabi, des déclarations qui lui ont valu dans la foulée une explication publique avec Simeone à l'entraînement.
"Peu importe les armes que nous utilisons ou utiliserons dans nos matches, seule la victoire m'intéresse", déclarait l'Argentin, désireux de minimiser ce dilemme tactique.
Contre le PSV Eindhoven fin novembre, "El Cholo" a néanmoins écouté Gabi, à qui il a associé le prudent Tiago dans un double pivot défensif fidèle au plus pur style Atletico. Un choix payant (2-0).
Le remède n'a, en revanche, pas fonctionné ce week-end contre l'Espanyol Barcelone (0-0). Comme si Simeone était allé trop loin dans son reparamétrage.
Bayern, la nostalgie Guardiola
Il manque au Bayern de Carlo Ancelotti "l'envie d'en finir, la détermination, le dernier geste, les tripes et l'agressivité!". Voilà comment l'ex-star bavaroise Lothar Matthäus a habillé pour l'hiver les champions d'Allemagne fin novembre, appuyant les critiques qui reprochent au coach italien d'être trop laxiste avec ses stars et de ne pas avoir la rigueur de son prédécesseur Pep Guardiola.
Depuis, le Bayern a gagné deux matches de championnat, mais reste deuxième derrière Leipzig.
"Nous avons perdu cette élégance que nous avions, il nous manque le rythme", avait également fustigé la semaine dernière Uli Hoeness, redevenu le patron du club.
Vendredi, le Bayern a (enfin) livré un bon match et gagné 3-1 à Mayence. Et il n'a échappé à personne qu'Ancelotti avait renoncé à son 4-3-3 pour jouer, pour la première fois, avec quatre attaquants, dans un 4-2-3-1 où Robben, Ribéry et Müller cohabitaient en soutien de Lewandowski en pointe.
La configuration fétiche de... Guardiola, avec laquelle le Catalan avait conduit Munich à trois titres de champion et trois demi-finales de Ligue des champions.
"Nous n'avions plus joué aussi bien depuis des semaines. Nous bougeons beaucoup plus, il y a plus de surprises dans notre jeu, c'est ce qui nous a manqué ces dernières semaines", a lancé Robben après la victoire, notant: "Nous avons joué avec Thomas Müller en 10, ça a été la clé de notre succès, car Thomas ouvre des espaces".
Ancelotti, qui avait fait jouer Müller sur l'aile depuis le début de saison, n'a pas commenté.
Mardi, malgré l'absence d'enjeu, les supporters et les dirigeants du club attendent une victoire à l'Allianz Arena. Tout autre résultat serait très mal vécu, dans un contexte où les comparaison Ancelotti/Guardiola commencent à tourner à l'avantage de l'Espagnol.
Avec AFP