Cette "conférence sur la coordination pour la lutte contre les trafiquants de migrants" était organisée par le Niger, avec des représentants de neuf pays africains (Tchad, Mali, Burkina Faso, Mauritanie, Côte d'Ivoire, Guinée, Sénégal et Libye), de quatre pays européens (France, Allemagne, Italie, Espagne) de l'UE et de l'ONU.
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Les participants ont convenu de "renforcer les cadres législatifs nationaux" pour poursuivre les trafiquants, de doper leurs outils opérationnels et techniques et "mieux les coordonner au niveau régional", d'améliorer la coopération judiciaire, et de "renforcer le contrôle des frontières", selon la déclaration finale.
L'idée est de "s'attaquer aux causes profondes de la migration irrégulière", et de ce point de vue le ministre de l'Intérieur nigérien Mohamed Bazoum a souligné la nécessité d'une prise en charge "de la problématique économique qui est aussi à la base du phénomène de migration".
La déclaration, qui appelle à "développer les conditions d'émergence d'une économie alternative à l'économie souterraine du trafic illicite des migrants", souligne aussi la nécessité d'une "approche globale et solidaire". Cela passe par un "partage équitable de la responsabilité entre pays d'origine, de transit et de destination", selon "la capacité nationale" de chacun, et avec "le financement de projets d'investissement".
"Dans la lutte contre les réseaux de passeurs, nous ne pourrons enregistrer de progrès décisifs qu'en coopération avec les pays d'origine et de transit", a affirmé le secrétaire d'Etat allemand à l'Intérieur, Stephan Mayer, après la réunion.
Sur cette problématique très européenne, le ministre français de l'Intérieur Gérard Collomb avait fait le déplacement avec son collègue des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian pour appeler à mener "une action en amont".
M. Collomb s'est félicité avant la réunion de l'action entreprise par Niamey pour "barrer la route du Nord" vers la Libye. Pays parmi les plus pauvres du monde, le Niger est parvenu à faire considérablement baisser le transit des migrants sur son sol, mais au prix de sacrifices pour ceux qui vivaient de ce trafic.
Côté européen, on se dit convaincus de la nécessité de démanteler ces réseaux "qui propagent l'insécurité en accumulant d'énormes profits illicites". La priorité est aussi "de ramener la stabilité dans la région", a souligné le Commissaire européen aux migrations, Dimitris Avramopoulos.
Ces mesures s'inscrivent dans la lignée des deux sommets UE-Afrique organisés en 2017 (en août à Paris et en novembre à Abidjan) qui avaient mis l'accent sur la formation des forces de police et de gendarmerie, l'aide au contrôle des frontières et la création de fichiers d'identité.
Un pacte controversé avec la Turquie avait permis de faire chuter les arrivées de réfugiés par la Méditerranée orientale en 2016. Restent la route passant par la Libye, et celle, plus limitée mais en plein essor, transitant par le Maroc et l'Espagne.
La conférence s'inscrit aussi dans la logique des "pactes migratoires" initiée au sommet de La Valette en 2015, pour corréler soutien européen et lutte des pays africains contre l'immigration irrégulière.
Sur ce sujet qui intéresse toute l'Europe, la France, qui apporte environ 100 millions d'euros par an d'aide au développement au Niger, aimerait aussi une plus large implication de ses partenaires.
Le Haut commissariat pour les Réfugiés de l'ONU (HCR) était aussi représenté, alors que le Niger est devenu la "base arrière" pour l'évacuation des réfugiés (reconnus comme tels, contrairement aux migrants économiques) de Libye avant leur réinstallation en Europe.
Pour M. Collomb, la réunion se double d'un enjeu national à l'approche de l'examen, par le Parlement français au printemps, de son projet de loi sur l'immigration, qui fait des vagues jusque dans la majorité.
Le ministre français, qui était accompagné de huit députés pour ce déplacement à portée également pédagogique, devait se rendre samedi à Agadez, dans le centre du Niger, pour y rencontrer la mission de police de l'UE "Eucap Sahel Niger" et l'Organisation internationale des migrations (OIM).
Avec AFP