Le consultant politique de 67 ans, qui se présente comme un "vieil ami" du président républicain, a été reconnu coupable en novembre d'avoir menti au Congrès dans le cadre de la tentaculaire enquête sur les ingérences russes dans la présidentielle de 2016.
Il y a dix jours, les quatre procureurs ayant instruit son dossier avaient recommandé une peine comprise entre 7 et 9 ans de prison. Donald Trump s'était alors emparé de son arme de prédilection - Twitter - pour dénoncer une "erreur judiciaire".
Le lendemain, le ministère de la Justice avait à son tour jugé la recommandation "excessive" et suggéré une sentence comprise entre 3 et 4 ans de détention. Désavoués par leur hiérarchie, les quatre procureurs fédéraux s'étaient retirés de l'affaire.
La réaction du président n'avait pas tardé, toujours sur son réseau social préféré: "Félicitations au ministre de la Justice Bill Barr pour avoir pris en charge un dossier totalement hors de contrôle !"
L'Attorney général des Etats-Unis a eu beau assuré que les commentaires présidentiels n'avaient eu aucun impact sur la décision de ses services, il s'est retrouvé sous le feu des critiques.
Outre l'opposition démocrate, plus de 2.200 anciens fonctionnaires du ministère de la Justice l'ont appelé à démissionner, l'accusant dans une lettre ouverte d'avoir accordé un "traitement de faveur" à Roger Stone et d'être "aux ordres du président".
- "Impossible" -
Sur la défensive, Bill Barr a martelé que Donald Trump, dont il est l'un des plus solides défenseurs, ne lui avait pas demandé d'intervenir.
Dans une rare note dissonante, il a toutefois demandé au milliardaire new-yorkais d'éviter de tweeter sur les dossiers judiciaires, estimant que cela rendait son travail "impossible".
Peine perdue, la Maison Blanche assure que le président a le droit "de commenter des affaires criminelles" et que cela ne relève pas de "l'ingérence".
Et Donald Trump est reparti à la charge, en retweetant de nombreux commentaires portant sur les démêlés d'autres de ses proches avec la justice ou sur l'origine de l'enquête russe.
Mardi, le ministre a, selon des sources anonymes citées par de nombreux médias américains, fait savoir à l'entourage du président qu'il pourrait quitter son poste si ces tweets devaient continuer.
La porte-parole du ministère a toutefois balayé des "rumeurs" infondées. "Le ministre n'a aucunement l'intention de démissionner", a précisé Kerri Kupec.
- "Coups fourrés" -
Malgré la mise en garde de son ministre, Donald Trump a continué cette semaine d'apporter son soutien à Roger Stone, qui réclame un nouveau procès.
Cet expert autoproclamé des "coups fourrés" a été reconnu coupable d'avoir exercé des pressions sur des témoins et menti au Congrès sur ses contacts avec l'organisation WikiLeaks, au sujet d'e-mails démocrates piratés lors de la campagne présidentielle de 2016.
Clamant son innocence, il soutient que des membres du jury étaient "partiaux" et a introduit un recours pour annuler leur verdict.
La juge fédérale Amy Jackson a refusé de reporter le prononcé de la peine, prévue jeudi à 10H00 (15H00 GMT) comme il le demandait. Mais elle a fait savoir que la sentence resterait suspendue en attendant une décision sur cette nouvelle requête.
La magistrate s'est déjà opposée à Roger Stone, lui interdisant de commenter son dossier publiquement après qu'il eut posté sur Instagram une photo d'elle accompagnée d'un viseur.
Si le consultant, connu pour son style flamboyant, écopait d'une lourde peine de prison, il pourrait peut-être compter sur une grâce présidentielle.
Donald Trump a commué mardi la peine d'une petite dizaine de personnes. Roger Stone pourrait-il faire partie de la prochaine liste? "Je n'y ai pas réfléchi", a-t-il dit, avant d'ajouter: "je pense qu'il a été traité de manière très injuste..."