"Les mesures limitées et insuffisantes prises jusqu'ici par le gouvernement birman (...) montrent qu'il n'a ni la volonté ni la capacité de mener des enquêtes et poursuites judiciaires crédibles, rapides et indépendantes", écrit la rapporteuse spéciale de l'ONU pour la Birmanie, Yanghee Lee, interdite de visite dans le pays par des autorités la jugeant "partiale".
Plus de 700.000 membres de cette minorité ont fui en 2017 les violences des militaires birmans et de milices bouddhistes et se sont réfugiés au Bangladesh voisin où ils vivent depuis dans d'immenses campements de fortune.
La prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi, à la tête du gouvernement birman depuis 2016, est très critiquée pour son inaction face aux militaires.
"La situation en Birmanie, où un génocide, des crimes de guerre et contre l'humanité ont pu être commis, requiert l'attention de la Cour pénale internationale ou d'autres mécanismes de la justice internationale", poursuit l'universitaire sud-coréenne, personnalité respectée qui a été une des premières à dénoncer le "génocide" rohingya.
"Les responsables de ces crimes n'ont pas été mis face à leurs responsabilités, à l'exception de sept soldats condamnés par un tribunal militaire pour le massacre du village de Inn Din", rappelle Yanghee Lee dans son rapport.
Mi-septembre, la Mission d'établissement des faits de l'ONU sur la Birmanie, qui n'a pas été autorisée à se rendre sur place elle non plus, a présenté devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU un rapport explosif dénonçant ce "génocide" et appelant à la poursuite devant la justice internationale des généraux birmans.
Aung San Suu Kyi, que l'ONU n'épargne pas dans son rapport, reste discrète sur le sujet, se contentant de dire que l'armée aurait pu "mieux gérer" la crise.
Une enquête formelle de la Cour pénale internationale basée à La Haye serait un long processus, semé d'embûches politiques.
La rapporteuse spéciale de l'ONU Yanghee Lee est la bête noire des nationalistes birmans. Lors d'une manifestation en 2015 à Rangoun contre sa visite en Birmanie, le virulent moine bouddhiste Wirathu l'avait traitée de "putain" lors d'un discours largement partagé sur les médias sociaux.
Avec AFP