"L'Eglise en veut trop ces derniers temps, la Russie est un Etat laïc", a expliqué à l'AFP Filipp Gotfrid, manifestant de 37 ans.
Ce rassemblement est le plus important depuis le début du mouvement de protestation, lancé début janvier contre la décision des autorités locales de transférer à la toute puissante Eglise ortodoxe, l'usage (mais pas la propriété) de l'imposante bâtisse, dont la coupole dorée de plus de 100 mètres de haut domine les quais de la Néva.
Construite selon les plans de l'architecte français Auguste Ricard de Montferrand entre 1818 et 1858, la cathédrale Saint-Isaac avait à l'époque impériale le statut de principale cathédrale de Russie.
Sous l'URSS, elle a été transformée en musée de l'athéisme puis, à partir de 1937, en musée d'histoire et d'art. Même si les offices religieux y ont repris à partir de 1990 à l'occasion d'importantes fêtes religieuses, elle reste l'un des principaux musées de Saint-Pétersbourg, dans le nord-ouest de la Russie.
Les opposants au transfert à l'Eglise soulignent que cette mesure, prise sans concertation, entraînera la perte d'une source importante de revenus pour la municipalité, car elle a rapporté plus de 800 millions de roubles en 2016, soit environ 12,5 millions d'euros, avec 3,9 millions de visiteurs.
"Ce n'est pas une question de foi, c'est une question d'argent", a souligné Boris Vichnevski, membre du parti d'opposition Iabloko et élu de l'assemblée locale, lors du rassemblement.
"L'argent gagné par la cathédrale allait à la ville, maintenant il ira à l'Eglise, ce n'est pas juste", a renchéri Tatiana Tsenkovskaïa, 50 ans.
A proximité, une centaine de membres du groupe nationaliste Mouvement de libération nationale, connu pour ses actions parfois violentes, se sont rassemblés avec des pancartes comme: "Une église est un lieu de prière".
La mobilisation a reçu le soutien de personnalités du monde culturel dont l'influent directeur du célèbre musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg, Mikhaïl Piotrovski. Ce dernier a écrit au patriarche Kirill pour lui demander de suspendre le transfert pour "mettre fin au conflit public et permettre de trouver la solution la plus sage et la plus juste".
Avaec AFP