L'avocat de l'opposante Victoire Ingabire, qui purge une peine de 15 ans de prison au Rwanda, a dénoncé les difficultés pour rencontrer sa cliente et préparer ainsi la demande de révision de son procès devant une cour de justice africaine, dans une correspondance dont l'AFP a eu connaissance mardi.
"Le 5 février 2016, je m'étais rendu à la prison pour prendre contact avec ma cliente en vue de préparer l'audience devant la Cour africaine des droit de l'Homme et des peuples qui se tiendra à Arusha (Tanzanie) le 4 mars 2016", détaille Me Gatera Gashabana, l'avocat de la présidente des Forces démocratiques unifiées (FDU), dans une lettre adressée au bâtonnier du Rwanda.
"La direction de la prison, prétextant qu'elle aurait reçu des instructions de sa hiérarchie, m'a informé qu'avant toute visite, il devait être procédé à la fouille des documents en ma possession", poursuit l'avocat dans son courrier daté du 15 février et rendu public par le parti de l'opposante.
Me Gashabana dénonce "une grave atteinte aux principes du libre exercice de la profession d'avocat" et assure qu'il lui est impossible de préparer l'audience du 4 mars sans concertation préalable avec Mme Ingabire.
L'avocat demande donc au bâtonnier du Rwanda d'intervenir afin de "faire cesser ces exactions et intimidations".
Victoire Ingabire, présidente des FDU, une formation d'opposition non reconnue par Kigali, avait été condamnée en décembre 2013 pour "conspiration contre les autorités par le terrorisme et la guerre", "minimisation du génocide de 1994" contre les Tutsi et "propagation de rumeurs dans l'intention d'inciter le public à la violence". Elle est emprisonnée à la prison centrale de Kigali.
A l'étranger lors du génocide de 1994, Victoire Ingabire était revenue dans son pays en 2010 pour se présenter à la présidentielle contre le chef de l'Etat sortant Paul Kagame.
Elle avait été arrêtée peu de temps après son arrivée, après avoir demandé que les auteurs de crimes contre les Hutu soient aussi jugés. Kigali l'avait accusée d'avoir, par ces propos, nié la réalité du génocide au cours duquel 800.000 personnes selon l'ONU, essentiellement des Tutsi, ont été tuées.
Mise en place en 2006, la CADHP, créée par l'Union africaine, peut ordonner à un Etat toute "mesure appropriée" pour mettre fin à une violation des droits de l'Homme et/ou le versement de compensations ou de réparations financières.
AFP