"Nous avons appris la libération de Théophile Ntirutwa mardi soir vers 22h30 par un coup de téléphone de sa part", a déclaré à l'AFP Boniface Twagirimana, le vice-président des Forces démocratiques unifiés (FDU).
"Nous dénonçons un enlèvement car il n'a jamais reçu aucun mandat d'arrêt formel", a-t-il poursuivi. Mardi, le numéro deux des FDU avait dénoncé l'arrestation dimanche soir du responsable local du parti à Kigali par des militaires dans le quartier de Nyarutarama, dans la capitale.
Théophile Ntirutwa a déclaré à l'AFP avoir été détenu, les yeux bandés, pendant deux jours dans un lieu inconnu et avoir été interrogé à plusieurs reprises sur ses liens avec différents leaders de l'opposition non légale, dont ceux des FDU mais aussi ceux du parti en exil du Congrès national rwandais (RNC).
Le RNC est composé d'anciens compagnons de lutte du président rwandais Paul Kagame, qui les accuse aujourd'hui d'être des "terroristes" et des "traitres".
Le porte-parole de la police rwandaise a démenti l'arrestation de l'opposant et assuré que M. Ntirutwa ne faisait l'objet d'aucune enquête. "Nous ne l'avons jamais détenu dans nos cellules", a déclaré Célestin Twahirwa.
Dans un communiqué, le FDU avait dénoncé "la volonté du FPR (Front patriotique rwandais, au pouvoir) de continuer à harceler les opposants pour les faire complètement taire" en amont de la présidentielle de 2017.
Régulièrement salué pour sa stabilité et ses performances économiques, le Rwanda est cependant pointé du doigt pour son manque d'ouverture politique.
Plusieurs partis d'opposition, dont le FDU, ne sont pas reconnus par les autorités, qui les considèrent comme des ennemis de l'Etat ou les accusent d'être proches de personnes accusés d'avoir participé au génocide de 1994, qui a fait environ 800.000 morts essentiellement parmi la minorité tutsi.
L'ONG Human Rights Watch estimait en février que "la plupart des personnalités en vue de l'opposition ont quitté le pays, ont été emprisonnées ou ont abandonné leur activités politiques après avoir fait l'objet de menaces répétées, d'intimidation ou de harcèlement".
Le parti FDU est dirigé par l'opposante rwandaise Victoire Ingabire, qui purge à Kigali une peine de 15 ans de prison pour "conspiration contre les autorités par le terrorisme et la guerre", "minimisation du génocide de 1994" contre les Tutsi et "propagation de rumeurs dans l'intention d'inciter le public à la violence".
Avec AFP