La décision du premier exportateur mondial de pétrole est tombée mercredi à la suite de cette attaque qui a visé en mer Rouge deux supertankers transportant quatre millions de barils, selon Ryad, et un bâtiment de guerre saoudien, selon les rebelles Houthis.
Le conflit au Yémen oppose depuis 2015 le gouvernement, appuyé par une coalition militaire menée par l'Arabie saoudite, aux Houthis qui contrôlent notamment la capitale Sanaa. Ryad accuse son rival régional Téhéran de fournir des missiles balistiques aux Houthis, ce que l'Iran dément.
"Toutes les livraisons de pétrole par le détroit de Bab el-Mandeb ont été temporairement suspendues jusqu'à ce que le trafic maritime dans la zone soit sûr", a annoncé le ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Falih.
"L'un des navires a subi des dégâts mineurs. Aucune blessure et aucune fuite de pétrole n'ont été rapportées", a indiqué pour sa part le géant pétrolier d'Etat Aramco.
L'escalade des tensions peut encourager des puissances étrangères à intervenir estime Ellen Wald, auteur du livre "Saudi Inc".
"La mer Rouge est une voie de navigation très importante. S'il y a une perturbation majeure, les puissances européennes, l'Egypte et les Etats-Unis auraient tous des raisons d'intervenir ", écrit-elle dans le magazine Forbes.
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"Une intervention internationale contre les Houthis est peut-être ce que veut justement l'Arabie saoudite".
8% du trafic mondial
Bab el-Mandeb sépare la péninsule arabique de la Corne de l'Afrique et la mer Rouge de la mer d'Arabie. Il est emprunté par des pétroliers en provenance d'Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, du Koweït et de l'Irak qui se rendent en Europe et au delà par le Canal de Suez.
Des chargements d'environ 4,8 millions de barils de pétrole et de produits pétroliers transitent chaque jour par la voie navigable, selon l'Energy Information Administration (Etats-Unis).
Cela ne représente que 8% des livraisons mondiales de pétrole, contre plus de 30% pour le droit d'Ormuz qui voit passer chaque jour 18,5 millions de barils.
Les prix du pétrole ont progressé après la décision saoudienne mais les experts estiment qu'elle aura un impact limité sur le marché.
La décision saoudienne "pourrait entraîner une légère hausse des prix pendant une période limitée", estime Kamel al-Harami, expert pétrolier koweïtien.
"Dans un premier temps, cela entraînera un retard de 15 jours des expéditions car les pétroliers auront à se réorienter vers l'Afrique du sud", dit-il à l'AFP.
Selon lui, le principal impact semble être d'ordre politique. "Cela pourrait être une raison d'accroître la présence navale (autour de Bab al-Mandeb) de nombreux pays, principalement les Etats-Unis et la Russie, ce qui entraînerait une escalade des tensions".
Possible "escalade"
Pour James Dorsey, un expert du Moyen-Orient, l'incident "est susceptible de concentrer l'intérêt sur le conflit du Yémen".
"Une flambée des prix du pétrole", résultant de la décision saoudienne, "peut être de courte durée, mais la guerre oubliée du Yémen pourrait revenir au premier plan", dit-il.
"L'arrêt des livraisons de pétrole pourrait provoquer une escalade du conflit, avec des puissances extérieures intervenant pour aider l'Arabie saoudite et les Emirats à vaincre les Houthis et à porter un coup à l'influence régionale de l'Iran".
La coalition sous commandement saoudien, qui n'a toujours pas réussi à vaincre militairement les Houthis, n'a cessé de mettre en garde contre la menace posée par ces rebelles sur la navigation à partir du port de Hodeida qu'ils contrôlent en mer Rouge.
"L'attaque terroriste est une dangereuse menace pour la liberté de navigation et le commerce international en mer Rouge", a répété mercredi le porte-parole de la coalition, le colonel saoudien Turki al-Maliki.
Les forces progouvernementales yéménites ont interrompu leur offensive sur le port de Hodeida pour donner une chance aux efforts de paix de l'ONU, dont l'émissaire Martin Griffiths est revenu mercredi à Sanaa.
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La guerre au Yémen a fait près de 10.000 morts et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", avec des millions de personnes au bord de la famine selon l'ONU.
Avec AFP