Selon l'Onu, 7,1 millions de Somaliens – soit près de la moitié de la population – souffrent de la faim, dont 213.000 se trouvent dans une situation "catastrophique et urgente".
"La Somalie est vulnérable (...) et l'on craint que la famine ne frappe dans certaines régions", a déclaré Hassan Cheikh Mohamoud lors de sa cérémonie d'investiture, à laquelle ont assisté plusieurs dirigeants de la région, dont les présidents kényan Uhuru Kenyatta et djiboutien Omar Ismail Guelleh et les Premiers ministres éthiopien Abiy Ahmed et égyptien Moustafa Madbouli. "J'appelle le peuple somalien de la diaspora et le monde à sauver notre peuple qui a été affecté par les sécheresses. L'objectif doit être d'éviter que la sécheresse ne s'aggrave et ne provoque une famine", a-t-il lancé.
Relevant la récurrence des sécheresses, entrecoupées d'épisodes d'inondations, il a estimé que "ces situations sont causées par une accumulation de problèmes, notamment le changement climatique, la destruction de nos ressources économiques et la faiblesse de nos institutions gouvernementales" et annoncé vouloir créer "une agence pour les questions environnementales".
Dans ce pays instable aux infrastructures précaires, la lutte contre cette sécheresse dévastatrice est compliquée par l'insurrection des islamistes radicaux shebab, dont l'implantation dans de vastes zones rurales du pays limite l'acheminement de l'aide humanitaire.
Elu le 15 mai pour un deuxième mandat après avoir été président entre 2012 et 2017, Hassan Cheikh Mohamoud a évoqué ses autres priorités, parmi lesquelles la "réconciliation" politique et le redressement économique du pays.
Il s'est notamment engagé à favoriser "la stabilité politique par la consultation, l'approbation mutuelle et l'unité entre (...) le gouvernement fédéral et les Etats membres fédéraux", prenant le contre-pied de son prédécesseur Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmajo, qui avait entretenu des relations conflictuelles avec certains Etats. Il a également affirmé vouloir mettre en place un "système démocratique qui garantit au citoyen somalien le droit d'élire qui il veut et/ou d'être élu n'importe où dans le pays".
La Somalie n'a pas tenu d'élections selon le principe d'"une personne, une voix" depuis 1969, année où le dictateur Siad Barré a pris le pouvoir par la force. Les dirigeants somaliens – représentants des assemblées des Etats, législateur et le président – sont actuellement élus selon un complexe système indirect.
La communauté internationale a salué l'élection de Hassan Cheikh Mohamoud, qui a marqué la fin de plus d'un an de crise politique autour de l'organisation du scrutin et détourné les autorités de la lutte contre les shebab et de la sécheresse. Malgré les appels répétés des organisations humanitaires, seuls 18% des 1,5 milliards de dollars estimés nécessaires pour éviter une répétition de la famine de 2011 qui avait tué 260.000 personnes.