"J'annonce aujourd'hui que les Etats-Unis vont se retirer de l'accord nucléaire iranien", a-t-il déclaré dans une allocution télévisée depuis la Maison Blanche.
Quinze mois après son arrivée au pouvoir, M. Trump semble prêt à se mettre à dos une grande partie de la communauté internationale en remettant en cause ce texte conclu en 2015 après 21 mois de négociations acharnées.
Sauf coup de théâtre spectaculaire, le président américain, qui n'a eu de cesse de dénoncer l'"horrible" accord conclu par Barack Obama, devrait rétablir, au moins partiellement, les sanctions levées en contrepartie de l'engagement pris par l'Iran de ne pas se doter de l'arme nucléaire.
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A l'exception des Etats-Unis, tous les signataires ont défendu jusqu'au bout ce compromis qu'ils jugent "historique", soulignant que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a régulièrement certifié le respect par Téhéran des termes du texte censé garantir le caractère non militaire de son programme nucléaire.
"Nous sommes tout à fait déterminés à sauver cet accord parce qu'il nous préserve de la prolifération nucléaire", a réaffirmé lundi le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian. Son homologue allemand Heiko Maas a, lui, redouté "qu'un échec ne conduise à une escalade" au Moyen-Orient.
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A quelques heures de son discours très attendu, le locataire de la Maison Blanche s'est entretenu avec son homologue français Emmanuel Macron, avec lequel il est en désaccord frontal sur ce dossier. Les deux dirigeants ont évoqué les questions relatives "à la paix et à la stabilité au Moyen-Orient", s'est borné à indiquer l'Elysée dans un communiqué laconique.
Un peu plus tôt, M. Trump s'en est une nouvelle fois pris à l'ancien secrétaire d'Etat John Kerry, principal négociateur de ce texte signé par Téhéran et les grandes puissances (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni, Allemagne).
"John Kerry ne peut se remettre du fait qu'il a eu sa chance et qu'il l'a laissée passer!", a-t-il ironisé, dans un tweet. "Reste à l'écart des négociations John, tu fais du mal à ton pays", a-t-il ajouté en référence aux discussions récentes de ce dernier avec plusieurs acteurs du dossier.
Missiles balistiques
En janvier, le magnat de l'immobilier avait lancé un ultimatum aux Européens, leur donnant jusqu'au 12 mai pour le "durcir" sur plusieurs points.
En ligne de mire: les inspections de l'AIEA; la levée progressive, à partir de 2025, de certaines restrictions aux activités nucléaires iraniennes, qui en font selon lui une sorte de bombe à retardement; mais aussi le fait qu'il ne s'attaque pas directement au programme de missiles balistiques de Téhéran ni à son rôle jugé "déstabilisateur" dans plusieurs pays du Moyen-Orient (Syrie, Yémen, Liban...).
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A l'unisson avec son "ami" Trump, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pousse pour un changement de fond en comble ou à défaut l'annulation de l'accord conclu avec l'Iran.
Paris, Londres et Berlin, qui ne juraient il y a encore quelques mois que par cet accord - tout l'accord mais rien que l'accord - ont joué le jeu en négociant avec les diplomates américains des solutions à ces préoccupations.
Emmanuel Macron, qui affiche son entente avec son homologue américain, lui a proposé le 24 avril de négocier un "nouvel accord" avec l'Iran pour répondre aux inquiétudes américaines.
Donald Trump "a réussi à faire évoluer" les Européens, estime Robert Malley, ex-négociateur avec l'Iran sous la présidence Obama et actuel président du groupe de réflexion International Crisis Group.
"Politique intérieure"
A l'issue de sa visite à Washington, le président français n'a pas caché son pessimisme. Selon lui, le milliardaire républicain risque de claquer la porte "pour des raisons de politique intérieure".
Malgré la réprobation internationale, c'est déjà au nom de son slogan "America First", "l'Amérique d'abord", que le président de la première puissance mondiale a renié plusieurs engagements multilatéraux, comme l'accord de Paris sur le climat ou le traité de libre-échange transpacifique.
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L'annonce de mardi va avoir des répercussions encore difficiles à prédire. Les Européens ont fait savoir qu'ils comptent rester dans l'accord quoi qu'il advienne.
Mais que vont faire les Iraniens?
Pour l'instant, Téhéran, où cohabitent des ultraconservateurs autour du guide suprême Ali Khamenei et des dirigeants plus modérés autour du président Hassan Rohani, ont soufflé le chaud et le froid.
La République islamique a menacé de quitter à son tour l'accord de 2015, de relancer et accélérer le programme nucléaire, mais a aussi laissé entendre qu'elle pourrait y rester si les Européens pallient l'absence américaine.
Avec AFP