"Je ne me reproche rien. Je suis vraiment pressé de dire ma part de vérité par rapport à tout ce qu'on me reproche", a déclaré Amadou Sanogo, à Sélingué, son lieu de détention, à 120 km au sud de la capitale, Bamako.
"Depuis trois ans, je suis en détention. Je crois en la justice malienne. Je veux dire ce que je sais. Je suis innocent", a ajouté M. Sanogo, détenu dans une maison surplombée par des miradors et gardée par des soldats.
Le procès du chef de l'ex-junte malienne (2012-2013), entamé fin novembre 2016 devant une cour d'assises de Sikasso (à environ 380 km au sud de Bamako), puis suspendu en décembre, doit reprendre en mars-avril.
"Je ne vais couvrir personne. Je dis bien personne", insiste M. Sanogo, habillé en blanc, chapelet en main. Il reçoit dans un salon modeste équipé de fauteuils et d'un grand téléviseur.
L'ex-chef de la junte affirme passer ses journées à lire le Coran et d'autres ouvrages et à parler avec des visiteurs.
Amadou Sanogo avait comparu en novembre-décembre 2016 avec 16 coprévenus, tous des militaires, pour "enlèvement et assassinat, complicité d'enlèvement et d'assassinat" de soldats dont les corps ont été retrouvés dans un charnier en 2013.
Les soldats dont les corps ont été retrouvés dans le charnier en 2013 étaient membres d'une unité d'élite de l'armée malienne, les "Bérets rouges".
Opposés au putsch de mars 2012 conduit par Amadou Sanogo, alors obscur capitaine de l'armée, qui avait renversé le président Amadou Toumani Touré, les "Bérets rouges" avaient vainement tenté un contre-coup d'Etat un mois plus tard avant d'être pourchassés par les putschistes.
Le coup d'Etat de mars 2012 avait précipité la déroute de l'armée face à la rébellion touareg et aux groupes jihadistes dans le nord du Mali, vaste région ayant été contrôlée de mars-avril 2012 jusqu'à janvier 2013 par des groupes liés à Al-Qaïda.
Ces groupes jihadistes ont ensuite été dispersés et en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013 d'une intervention militaire internationale qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, régulièrement visées par des attaques meurtrières.
Avec AFP