Les entraves culturelles sont citées parmi les facteurs défavorables à l’éducation des filles au Cameroun. Pourtant depuis 2006, soutient Philomène Bihina, inspectrice nationale de la pédagogie au ministère de l’Education de base, "des initiatives ont été prises par le gouvernement pour tenter de les endiguer et accroitre ainsi le taux de scolarisation de cette couche sociale".
Mais regrette-t-elle, "les jeunes filles font face à beaucoup de violence au niveau communautaire". Des "violences sur le chemin de l'école, en milieu scolaire, notamment le harcèlement sexuel, l’exploitation pour subvenir aux besoins domestiques, les mariages précoces".
Les entraves liées aux cas de mariages et grossesses précoces sont cependant les plus récurrents, d’après une étude de 2016 menée par le ministère de la promotion de la femme et de la famille.
"Les leaders communautaires sont sensibilisés sur ces questions et nous leur disons aussi qu'il y a une loi qui punit désormais ce genre de pratiques", précise Jean-Baptiste Yebel, sous-directeur de la promotion et de la protection des droits des enfants.
Environ 13% des filles camerounaises sont mariées avant 15 ans et 38% avant 18 ans. Un plan d'action financé à près de 14 milliards de francs CFA sur 5 ans a été élaboré pour éradiquer ces fléaux.
Quelques améliorations
"Le taux de scolarisation de la jeune fille dans l’enseignement secondaire se rapproche déjà de celui du jeune garçon parce qu’aujourd’hui, une jeune fille ne parcourt plus 7 kilomètres pour se rendre à l’école aussi bien en zone rurale qu’en zone urbaine, des établissements scolaires ont été multipliées", rassure Bernadette Mbia, directeur de l’orientation de la vie et de l’assistance scolaire au ministère des enseignements secondaires.
Seules les régions du nord-ouest et du sud-ouest où prévaut un conflit armé depuis 4 ans, connaissent une baisse considérable du taux de scolarisation des filles. Si elles sortent précocement du système scolaire normal, elles peuvent néanmoins suivre des formations pratiques dans des centres dédiés comme dans le centre du 4e arrondissement à Yaoundé. "Nous donnons des formations pour faciliter l’autonomisation de la femme et de la jeune fille", confie Adjebou Asseme Ngono, directrice du centre.
Le centre offre des formations en hôtellerie restauration, en industrie habillement, en soins esthétique, en coiffure, en TIC, en décoration et maroquinerie.
Pour relever le taux de scolarisation des filles, le gouvernement distribue désormais dans les établissements publics du matériel d'inclusion à celles qui sont frappées d'un handicap, et des rations alimentaires sèches aux filles vulnérables dans les quatre zones d'éducation prioritaire; l'Adamaoua, l'Est, l'Extrême-Nord et le Nord.