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La capitale sierra-léonaise reprend ses activités après une journée d'affrontements


Vue de Freetwon, la capitale de la Sierra Leone pendant le couvre-feu.
Vue de Freetwon, la capitale de la Sierra Leone pendant le couvre-feu.

Les Sierra-Léonais ont commencé à reprendre leurs activités lundi à Freetown placée sous haute protection au lendemain des affrontements armés qui ont secoué la capitale, et après la levée temporaire dans la matinée du couvre-feu national instauré la veille.

Une partie des magasins et des banques a ouvert et le trafic, totalement arrêté dimanche, est reparti, a constaté un correspondant de l'AFP. Les écoles en revanche sont restées fermées. Des checkpoints ont été dressés sur les principaux axes routiers, où les membres des forces de sécurité fouillent les véhicules.

Le couvre-feu permanent décrété dimanche alors que les violences agitaient Freetown a été levé lundi matin à 06H00 (locales et GMT) et sera imposé dorénavant de 21H00 à 06H00 à partir de lundi soir et jusqu'à nouvel ordre, a annoncé dans la nuit le ministère de la Communication.

"Nous encourageons nos concitoyens à reprendre le cours normal de leurs activités (...) mais nous continuons à les presser instamment de maintenir le calme et la vigilance et de signaler au poste de police le plus proche tout comportement suspect ou inhabituel", a-t-il dit.

Freetown a connu dimanche plusieurs heures de confrontation armée entre les forces de sécurité et des inconnus qui ont tenté avant le lever du jour de forcer une armurerie militaire. La prison centrale et d'autres établissements pénitentiaires ont été pris d'assaut et des dizaines de détenus semblent s'en être échappés.

Le président Julius Maada Bio est apparu dans la soirée sur la télévision d'Etat pour assurer que "le calme (était) rétabli", que l'épreuve était "surmontée" et que la plupart des responsables avaient été arrêtés. De nombreuses interrogations demeurent sur les évènements. Ils ont réveillé le spectre d'un nouveau coup d'Etat dans une Afrique de l'Ouest qui, depuis 2020, en a connu au Mali, au Burkina Faso, au Niger et en Guinée, voisine de la Sierra Leone.

Soutien américain

Le président a paru accréditer la motivation politique des instigateurs en parlant de "tentative visant à saper la paix et la stabilité". La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), dont fait partie la Sierra Leone, a évoqué une tentative visant à "troubler la paix et l'ordre constitutionnel", langage communément employé pour les coups de force politiques. Différents partenaires de la Sierra Leone ont appelé au respect de "l'ordre constitutionnel".

Aucun bilan humain des violences, ni aucune information sur les personnes arrêtées n'ont été officiellement communiqués. Des vidéos postées sur les réseaux sociaux montrent quelques hommes en uniforme visiblement en état d'arrestation à l'arrière ou auprès d'un pick-up militaire. Les réseaux sociaux ont cité, photos à l'appui, un ancien membre de la garde rapprochée de l'ex-président Ernest Bai Koroma (2007-2018) comme un des participants à l'opération tués par les forces de sécurité.

L'ancien président a indiqué dans un communiqué qu'un soldat affecté à sa garde, le caporal Eddie Conteh, avait été tué par balle à bout portant dans sa résidence et qu'un autre avait été enlevé. Il a "condamné fermement" les atteintes à la sécurité d'Etat et appelé au calme et au rétablissement de l'ordre. L'ambassade des Etats-Unis a dit soutenir "fermement le président Bio dans son appel à l'unité nationale", dans un message sur les réseaux sociaux. Elle a rendu hommage à "ceux qui ont donné leur vie hier pour défendre la Constitution et le gouvernement de la Sierra Leone".

Julius Maada Bio, élu une première fois en 2018, a été réélu en juin dès le premier tour, avec 56,17 % des voix selon les résultats publiés par la commission électorale. Le principal parti d'opposition, le Parti du Congrès de tout le peuple (APC), a jugé les élections présidentielle, mais aussi législatives et locales, truquées, et le pays a connu plusieurs mois de crise politique avant un accord en octobre entre gouvernement et APC sous la médiation du Commonwealth, de l'Union africaine et de la Cedeao.

La Sierra Leone, un des pays les plus pauvres du monde, est aussi confrontée à de grandes difficultés économiques.

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