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Six policiers tués dans des violences inter-communautaires au Nigeria


Deux policiers nigérians surveillent un quartier lors d'une journée de vote à Kaduna, le 28 mars 2015.
Deux policiers nigérians surveillent un quartier lors d'une journée de vote à Kaduna, le 28 mars 2015.

Six policiers ont été tués dans le nord-est du Nigeria, a déclaré lundi la police, lors d'une attaque attribuée à des éleveurs peuls en représailles à des tueries provoquée par des conflits fonciers.

"Nous avons perdu six agents dans une embuscade tendue par de présumés éleveurs peuls", a déclaré Othman Abubakar, porte-parole local de la police, à propos de l'attaque qui remonte à vendredi dernier.

Elle s'est produite alors qu'"une équipe de police se rendait dans le village de Dowaya (Etat d'Adamawa) dans l'intention de désarmer des éleveurs peuls car nous avions reçu des informations comme quoi ils détenaient des armes", a-t-il expliqué à l'AFP.

La police n'a procédé à aucune arrestation mais l'Etat est sous grande vigilance après une montée des violences entre éleveurs et cultivateurs.

Fin novembre, au moins 30 personnes ont été tuées dans le même district de Numan, où des cultivateurs chrétiens, de l'ethnie bachama, ont lancé un raid sanglant sur des campements d'éleveurs peuls, musulmans.

Ces derniers affirment que le nombre de victimes est beaucoup plus important et que plus de 60 femmes et enfants ont été massacrés alors qu'ils tentaient de s'enfuir.

Jaura Hammayidi, un membre de la communauté peule, a dit ignorer qui était responsable de l'embuscade contre la police mais il a affirmé qu'elle avait suivi des violences de policiers.

"Après l'attaque de quatre villages, nous n'avions pas d'autre choix que de nous installer ailleurs", raconte-t-il. "Duwaya était l'un des villages où nous nous sommes rendus et où nous avons commencé nos 40 jours de deuil pour pleurer les femmes et les enfants tués. Mais la police est venue nous attaquer et a tué deux personnes", a rapporté à l'AFP M. Hammayidi.

La région de Numan, avec ses terres fertiles traversées de cours d'eau douce, est le coeur de l'agriculture et de l'élevage de l'Adamawa.

La ceinture centrale du Nigeria, qui s'étend de l'est à l'ouest du pays et jouxte l'Adamawa, est régulièrement le théâtre d'affrontements sanglants entre agriculteurs chrétiens et éleveurs peuls musulmans. Ces derniers, nomades qui transhument traditionnellement avec leur bétail, ont tendance à se sédentariser, par manque de terres disponibles.

Au départ, le conflit portait surtout sur l'accès à la terre et à l'eau et des luttes de pouvoir locales. Mais les tensions ethniques et religieuses ont augmenté depuis les violences post-électorales de 2011, où des centaines de musulmans ont été tués ou forcés à fuir la région.

"Les mêmes attaques suivies de représailles par l'un ou l'autre camp ne cessent de se répéter des deux côtés du fleuve Niger", note un rapport du centre d'analyses nigérian SBM Intelligence.

"Si rien n'est fait très rapidement, cela ne peut qu'empirer", poursuit le rapport publié la semaine dernière.

Selon le think-tank International Crisis Group (ICG), ces violences ont fait quelque 2.500 morts l'an dernier et des dizaines de milliers de personnes ont dû quitter leur foyer.

"Ces tueries sont potentiellement aussi dangereuses que l'insurrection de Boko Haram", le groupe jihadiste qui séme la terreur principalement dans le nord-est du Nigeria depuis 2009, met en garde l'ICG.

Avec AFP

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