"Six sages-femmes sont poursuivies pour non assistance à personne en danger, a affirmé mercredi à l'AFP Me Abou Abdou Daff. Quatre d'entre elles "ont été écrouées mardi soir" dans la ville de Louga (nord) et "deux [sont] en liberté provisoire".
Ces deux dernières étaient "depuis plus de quatre ans employées comme stagiaires avec une modique rémunération et on leur demande des résultats" en matière de qualité des soins dispensés, s'est plaint Me Daff. Les six femmes doivent être jugées le 27 avril devant le tribunal de grande instance de Louga, a-t-il ajouté.
Le ministre de la Santé sénégalais Abdoulaye Diouf Sall a reconnu le 14 avril que la mort d'Astou Sokhna, enceinte de neuf mois, à l'hôpital public de Louga, aurait pu être évitée avec plus de vigilance. La presse sénégalaise avait initialement rapporté que le drame s'était produit le 7 avril, mais selon le rapport de la mission d'enquête du ministère de la Santé, la victime est décédée le 1er avril.
Les circonstances de sa mort telles que rapportées par les médias sénégalais ont suscité sur les réseaux sociaux un flot de protestations contre les carences du système de santé public au Sénégal. Elles ont aussi provoqué une réponse au plus haut niveau de l'Etat avec notamment le limogeage du directeur de l'hôpital, annoncé à l'issue d'un Conseil des ministres.
Selon la presse sénégalaise, Astou Sokhna, âgée d'une trentaine d'années, est décédée après avoir attendu dans de grandes souffrances pendant une vingtaine d'heures la césarienne qu'elle réclamait. Le personnel aurait refusé sa demande, arguant que son opération n'était pas prévue, et aurait menacé de la chasser si elle insistait.
Par ailleurs, l'Alliance des syndicats autonomes de la santé (Asas) a annoncé dans un communiqué avoir entamé mercredi une grève de 72 heures, notamment en "soutien aux camarades de Louga" poursuivies par la justice.
L'Asas avait "déploré" le 16 avril que le gouvernement n'ait "pas attendu les conclusions de l'enquête judiciaire pour condamner les vaillants travailleurs avant de les jeter délibérément en pâture devant le lynchage médiatique (...) pour essayer de masquer en vain les tares du système dont il est le garant".
La grève vise aussi à protester contre le non-respect par le gouvernement, selon l'Asas, d'accords pour une meilleure rémunération des agents de santé.