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Solidarité avec un bébé devenu borgne après un raid en Syrie


Karim, un bébé syrien est devenu borgne après un raid du régime dans la Ghouta orientale. (Twitter)
Karim, un bébé syrien est devenu borgne après un raid du régime dans la Ghouta orientale. (Twitter)

La photo d'un bébé syrien devenu borgne après un raid du régime est au centre d'une campagne de solidarité virale sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes partageant une image d'eux cachant un oeil avec la main.

#SolidarityWithKarim (Solidarité avec Karim) est un hashtag massivement relayé sur Twitter et Facebook depuis quelques jours, après une campagne lancée par des photographes freelance syriens dans la Ghouta orientale, dernier fief rebelle près de Damas.

C'est dans cette région qu'un raid le 29 octobre a grièvement blessé à l'oeil Karim --alors âgé de 40 jours-- et tué sa mère, selon la famille et le médecin qui l'a soigné.

La campagne est parvenue jusqu'au Conseil de sécurité de l'ONU où l'ambassadeur de Grande-Bretagne, Matthew Rycroft, a tweeté une photo de lui-même assis à la table ronde et cachant l'oeil droit avec la main.

"Nous mettons en garde contre l'inaction qui fait que plus de gens vont mourir. Plus d'écoles vont être bombardées. Plus d'enfants seront blessés", dit-il dans le tweet accompagnant sa photo.

"Il faut que le bombardement et le siège de la Ghouta orientale prennent fin", a-t-il ajouté, en référence à la campagne de bombardement du régime.

Assiégée depuis 2013, la Ghouta orientale fait partie des quatre zones dites de "désescalade" mises en place cette année dans certaines régions du pays en vue d'instaurer une trêve. Mais le régime a intensifié depuis la mi-novembre ses frappes contre la région qui souffre de graves pénuries de nourriture et de médicaments.

Son image 'me hantait'

Sur les réseaux sociaux, de nombreuses photos montrent des enfants dans la rue, cachant un oeil avec la main, mais aussi des membres de la Défense civile en zone rebelle (les Casques blancs), des membres d'ONG et même des journalistes.

Des ministres turcs --dont le pays soutient l'opposition syrienne--, ont tweeté également des photos du bébé.

"Même si le monde se tait, même s'il ignore les cris qui s'élèvent de Syrie, nous serons la voix, les yeux et les oreilles du #BabyKerim, a tweeté Numan Kurtulmus, ministre de la Culture et du Tourisme.

A l'origine de la campagne, Amer Almohibany, un photographe freelance dans la Ghouta qui collabore occasionnellement avec l'AFP. Il a diffusé sur les réseaux sociaux à la mi-décembre une photo qu'il a prise du nourrisson, avant de prendre une photo de lui-même, la main cachant un oeil.

"J'avais rendu visite à l'enfant (...) et son image m'a marqué avant même de prendre la photo. Elle me hantait", explique Amer, 28 ans.

"Le but de la campagne est de (...) faire parvenir au monde la voix de cet enfant qui a perdu son oeil et sa mère", ajoute-t-il.

Son initiative a été inspirée notamment par une campagne similaire lancée pour une orpheline au Yémen, blessée en septembre dans un raid ayant fauché toute sa famille. Sa photo, prise alors qu'elle essayait d'ouvrir son oeil meurtri, avait fait le tour du monde.

'Séquelles'

Tout au long du conflit déclenché en Syrie en 2011, plusieurs enfants sont devenus malgré eux des symboles des souffrances endurées par la population civile.

Karim se trouvait avec sa mère à Hamouria, une localité de la Ghouta, quand il a été blessé dans un raid aérien du régime sur un marché.

Selon son médecin, le chirurgien neurologue Abou Jamil, le petit devrait souffrir de "séquelles", après une blessure au lobe frontal qui a également endommagé son globe oculaire gauche.

"Le lobe frontal tient un rôle essentiel dans la compréhension, l'intelligence et la mémoire de l'être humain", confie le médecin de 50 ans.

"Il y a une possibilité de traitement, avec la thérapie comportementale et cognitive (...) et aussi la chirurgie esthétique, mais pas dans la Ghouta. S'il peut sortir de Syrie, ça sera différent", ajoute-t-il.

D'après le père de l'enfant, qui s'exprime sous le couvert de l'anonymat, la tante du bébé s'occupe de lui "en permanence" et s'occupe du "suivi de son traitement dans un hôpital de Hamouria".

Dans la Ghouta, la campagne a suscité une forte mobilisation.

"Nous voulions attirer l'attention du monde sur les crimes commis par le régime syrien contre la population (...) Il assassine l'enfance", assène Firas al-Abdallah, photographe de 24 ans.

Avec AFP

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