L'organisation de défense des droits humains affirme avoir recueilli entre autres le témoignage de deux déserteurs de l'armée soudanaise qui confirmé avoir reçu l’ordre de violer des femmes.
Human Rights Watch (HRW) dit aussi avoir reçu des informations crédibles sur 194 autres cas d’une cinquantaine d'habitants et d'anciens habitants de Tabit contactés par téléphone.
Le rapport précise que ces viols ont été commis par les soldats de l’armée soudanaise lors d’une attaque menée à partir du 30 octobre.
Les soldats allaient de maison en maison et certaines des victimes avaient moins de 15 ans, indique HRW.
Selon HRW, ces viols pourraient constituer des crimes contre l'humanité s'il est prouvé qu'ils s'inscrivent dans une attaque systématique et de grande ampleur contre la population civile.
Le HRW voudrait donc que la Cour pénale internationale (CPI) enquête. Elle est saisie du dossier Darfour depuis 2005.
L'organisation de défense des droits humains exhorte le Conseil de sécurité de l'ONU et l'Union africaine (UA) à faire pression sur Khartoum.
Le directeur Afrique de HRW, Daniel Bekele, tient le gouvernement soudanais pour responsable et lui demande d’arrêter de nier et d’autoriser immédiatement l'accès à Tabit aux Casques bleus et à des enquêteurs internationaux.
Khartoum a nié catégoriquement les viols et refuse de laisser la mission conjointe de l'ONU et de l'Union africaine au Darfour (Minuad) revenir dans le village après une première visite non concluante.
Bien que les Casques bleus n'aient pas découvert de preuves de viol lors de leur unique visite le 9 novembre à Tabit, un rapport confidentiel de l'ONU a fait état d'intimidations auxquelles se serait livrée l'armée dans le village au moment où la Minuad enquêtait. Des soldats soudanais suivaient et enregistraient les entretiens des Casques bleus avec les villageois.
La Minuad est déployée depuis 2007 pour protéger les civils et sécuriser l'aide humanitaire destinée au Darfour, en proie à des violences depuis le soulèvement en 2003 de rebelles contre le pouvoir central et les élites arabes.
Le gouvernement soudanais souhaite que la Minuad quitte progressivement le pays et l'ONU étudie les options possibles.