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Depuis le Tchad, la France exhorte à la négociation au Soudan


Deux millions de Soudanais ont fui vers les pays voisins, dont 1,5 million au Tchad.
Deux millions de Soudanais ont fui vers les pays voisins, dont 1,5 million au Tchad.

Le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot, qui visitait jeudi des camps de réfugiés soudanais au Tchad, y a exhorté les parties belligérantes au Soudan voisin à cesser leurs hostilités et s'engager dans des négociations.

"Je n'oublierai jamais les visages et les regards croisés ici à Adré": le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot, en visite jeudi dans des camps de réfugiés soudanais au Tchad, a exhorté les belligérants au Soudan à cesser leurs hostilités. Il a également invité "les puissances étrangères qui sont alliées aux belligérants à cesser de jeter de l'huile sur le feu", sans citer de pays précisément, au moment où les Émirats Arabes Unis sont accusés de fournir des armes aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), et le Tchad de les soutenir en laissant transiter des armes sur son territoire.

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Jean-Noël Barrot a en revanche "dénoncé l'attitude de la Russie" qui, en mettant son veto à une résolution appelant à un cessez-le-feu et à la protection des civils au Soudan à l'ONU la semaine dernière à New York, a selon lui "abandonné les Soudanais". "La Russie a dévoilé sa relation à l'Afrique, une relation fondée sur la cupidité, le cynisme, et sur l'hypocrisie", a-t-il estimé.

La guerre a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé plus de 11 millions de personnes et créé ce que l'ONU qualifie de pire crise humanitaire de mémoire récente, avec des risques de famine généralisée. Deux millions de personnes ont aussi fui vers les pays voisins, dont 1,5 million au Tchad. Environ la moitié de la population soudanaise est menacée par la famine, les deux belligérants étant accusés d'utiliser la faim comme arme de guerre.

Jean-Noël Barrot, qui a sillonné toute la matinée les camps de réfugiés soudanais, a demandé aux parties belligérantes au Soudan, les Forces armées soudanaises et les FSR, à entrer en négociation, alors que ce conflit "plonge le Soudan et sa population dans une tragédie absolument terrible".

"Stricte neutralité"

Depuis avril 2023, le Soudan est déchiré par une guerre opposant l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane aux FSR, commandées par le général Mohamed Hamdane Daglo. Le ministre français a exhorté "les forces armées soudanaises à maintenir ce passage d'Adré ouvert et lever toutes les entraves bureaucratiques à l'acheminement de l'aide humanitaire", et leurs ennemis des FSR "à cesser le pillage, le racket ou le détournement des convois humanitaires pour qu'ils puissent arriver à destination".

Le ministre tchadien des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah, qui était aux côtés de M. Barrot, a quant lui assuré que le Tchad gardait "sa stricte neutralité dans le conflit".

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"La guerre au Soudan menace le Tchad parce que (...) nous partageons plus de 1.084 km de frontières avec le Soudan. Nous avons intérêt à ce que la paix revienne au Soudan et à rester le plus neutre possible dans cette guerre" a-t-il insisté. Selon M. Koulamallah, les généraux portent l'entière "responsabilité" en n'écoutant pas "la voix de leur peuple qui aspire à la liberté".

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M. Barrot a également annoncé que la France allait "allouer 7 millions d'euros supplémentaires pour soutenir l'action des organisations onusiennes et non gouvernementales dans la lutte contre le choléra et dans l'accompagnement des femmes et enfants en bas âge" au Tchad.

Ces fonds s'ajoutent aux 110 millions que Paris s'est engagée à fournir lors d'une conférence humanitaire internationale en avril. La communauté internationale y avait promis plus de 2 milliards d'aide pour le Soudan, mais les participants avaient exprimé leur inquiétude sur les difficultés à faire acheminer cette aide jusqu'aux populations.

La France a par ailleurs annoncé jeudi qu'elle soutiendrait le gouvernement tchadien dans ses projets de développement et d'intégration des populations réfugiées. "Nous allons voir comment transformer cet afflux de personnes en une opportunité de développement économique pour notre pays", a acquiescé M. Koulamallah, promettant d'aider les Soudanais autant que nécessaire.

De son côté, Bachar Ali Souleymane, gouverneur de la province du Ouaddaï, a souligné que "la stratégie" était désormais d'amener les réfugiés vers l'intérieur des terres. "Notre urgence est de ne pas garder les réfugiés tout au long de la frontière", a-t-il dit, alors que les craintes grandissent que le Tchad devienne à cet endroit une base arrière du conflit soudanais.

Jean-Noël Barrot a souligné l'urgence de la situation avec "26 millions", soit la moitié de la population soudanaise, qui souffrent ou sont menacés par la faim, avant de conclure: "Ce sont des chiffres (mais) pour ma part, je n'oublierai jamais les visages et les regards que j'ai croisés ici à Adré".

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