Les électeurs devront décider pendant trois jours s'ils veulent conserver la structure actuelle du Darfour -divisé en cinq Etats- ou la transformer en une seule et même région.
La première option est soutenue par le président Omar el-Béchir mais critiquée par les observateurs qui affirment qu'elle renforce encore davantage le contrôle du pouvoir sur cette région d'environ 500.000 km2 dont le sous-sol recèle d'importantes richesses (pétrole, uranium et cuivre).
Les insurgés soutiennent que les combats ne sont pas propices à l'organisation d'une consultation.
Mais pour M. Béchir, la situation est suffisamment stable pour qu'elle ait lieu.
Le Darfour, où vivent de nombreux groupes ethniques, formait une région unique jusqu'en 1994, date à laquelle le gouvernement l'a divisé en trois Etats: Darfour-Nord, Sud et Ouest. Deux Etats supplémentaires ont été créés en 2012.
En 2003, des groupes armés d'origine non arabe, estimant que leur région était marginalisée par Khartoum, ont lancé une rébellion. Le conflit a fait 300.000 morts selon l'ONU -10.000 selon Khartoum- et plus d'un million de déplacés. Les violences s'y poursuivent mais à une moindre échelle.
Le président soudanais est depuis mars 2009 sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre au Darfour, et depuis juillet 2010, pour génocide.
Vote des déplacés ?
Organiser ce vote alors que le gouvernement contrôle une grande partie du Darfour et peut mobiliser en masse ses partisans est perçu comme un nouvel affront aux rebelles qui réclament une région unie et autonome.
"Le gouvernement pourra dire: 'Nous ne discuterons plus puisque le référendum a tranché'", affirme Magdi al-Gizouli, un analyste indépendant.
Pour le régime, ce vote fait partie des termes de l'accord de paix de 2011 signé avec une alliance de factions rebelles qui sont en faveur d'une région unique dotée d'une large autonomie.
Mais les groupes rebelles ayant refusé de signer ce traité estiment que le résultat du scrutin sera dénué de sens car, en raison des troubles, beaucoup de personnes -dont les déplacés- ne pourront pas voter.
Des combats sporadiques continuent d'opposer régime et rebelles, comme en janvier dans le Jebel Marra, une zone à cheval sur trois Etats du Darfour. Plus de 100.000 personnes ont depuis été forcées de fuir leurs foyers, s'ajoutant au quelque 2,5 millions de déplacés au Darfour, selon l'ONU.
'Pas la priorité'
"Le référendum, même s'il est stipulé (dans l'accord de paix), n'est pas une priorité et le gouvernement s'obstine à l'appliquer et ignore ce qui est plus important", soutient Abdullah Mursal, un responsable de l'Armée de libération du Soudan (ALS) du chef rebelle Minni Minnawi.
Pour lui, comme pour Jibril Bilal, porte-parole du Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), la priorité est le retour des déplacés dans leurs villages.
"Quel que soit le résultat, le référendum n'a aucun sens", insiste M. Bilal.
La façon dont le vote va se dérouler dans les camps de déplacés reste incertain.
Beaucoup sont gardés par des forces de maintien de la paix internationales et le ressentiment antigouvernemental est fort parmi les populations.
Un responsable dans le camp de Kalma, dans le Darfour-Sud, a affirmé à l'AFP que les résidents avaient manifesté la semaine dernière contre le scrutin.
La commission chargée du référendum soutient-elle que l'intérêt pour le vote est important avec "3.583.105 inscrits sur 4.588.300 qui avaient la possibilité de le faire", un chiffre impossible à vérifier de sources indépendantes, notamment à cause de l'accès limité de la presse au Darfour.
Le Soudan est soumis depuis 1997 à un embargo américain qui se poursuit notamment à cause du conflit au Darfour et qui contribue à miner l'économie du pays.
Pour le régime, organiser ce vote "est une façon de dire que la situation au Darfour est revenue à la normale", affirme M. Gizouli.
Avec AFP