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Jacob Zuma face à une procédure de destitution


Le président Jacob Zuma au Parlement du Cap, en Afrique du Sud le 11 février 2016. (AP/Mike Hutchings)
Le président Jacob Zuma au Parlement du Cap, en Afrique du Sud le 11 février 2016. (AP/Mike Hutchings)

Le président sud-africain Jacob Zuma, discrédité par la décision de justice qui l'a reconnu coupable de violation de la Constitution, fait face mardi au parlement à une procédure de destitution, déposée par l'opposition qui l'accuse d'être le "cancer de la politique".

Sauf coup de théâtre, le chef de l'Etat devrait cependant survivre à un vote. Son parti, le Congrès national africain (ANC), qui l'a officiellement soutenu dans cette nouvelle tempête, dispose d'une écrasante majorité à l'Assemblée nationale.

Jeudi, les 11 juges de la Cour constitutionnelle, plus haute instance judiciaire du pays, ont décidé à l'unanimité que le chef de l'Etat avait violé la loi suprême en refusant de rembourser les frais de rénovation de sa propriété privée non liés à la sécurité. En cause: la piscine, un centre pour visiteurs, un enclos pour bétail et un poulailler.

Dans la foulée de cet arrêt, le principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA), a annoncé lancer une procédure de destitution du président, au pouvoir depuis 2009 et dont le deuxième mandat expire officiellement en 2019.

"Jacob Zuma est le cancer de la politique sud-africaine, il ne peut pas continuer à être notre président", a estimé la DA.

"En violant la Constitution, il a menacé la structure même de notre démocratie", a poursuivi le parti, avant de s'adresser directement aux parlementaires de l'ANC. "Quand nous avons été élus parlementaires, nous avons fait serment de respecter et protéger la Constitution. (Mardi), nous devons nous souvenir de ce serment et servir le peuple sud-africain et la Constitution, et pas Jacob Zuma".

Un message qui n'a cependant aucune chance d'être entendu dans les rangs de l'ANC, le parti de feu Nelson Mandela, au pouvoir depuis la fin du régime ségrégationniste d'apartheid en 1994 et toujours très fidèle à son leader actuel.

Les députés ANC sont extrêmement loyaux à leur parti, en grande partie à cause du mode de scrutin des législatives. Les parlementaires sont en effet élus au scrutin de liste national. Conséquence, les députés rendent des comptes à leur parti avant de rendre des comptes à leurs électeurs, et sont donc peu enclins à dévier de la ligne de leur formation, surtout lors d'un vote qui ne se tient pas à bulletin secret, comme ce mardi.

Président Téflon

Vendredi soir, alors que les appels à la démission de Jacob Zuma battaient leur plein, le président s'est adressé, fait rarissime, à la nation, laissant penser un temps qu'il allait peut-être céder à la pression.

Mais le chef de l'Etat, surnommé le "président Téflon", l'homme sur lequel les scandales glissent sans attacher, a simplement reconnu avoir commis une faute constitutionnelle et éludé toute idée de démission.

Il s'est engagé à rembourser les frais qui lui incombent dans sa propriété de Nkandla (est), avant de faire porter à "ses conseillers juridiques" la responsabilité de son erreur.

La médiatrice de la République, chargée du bon usage des deniers publics, Thuli Madonsela, sortie victorieuse de l'affaire Nkandla, a immédiatement dénoncé, à mots à peine couverts, la réaction du président.

"Nous faisons tous des erreurs mais c'est quand on refuse de prendre ses responsabilités ou quand on accuse les autres qu'on échoue en tant que personne et comme dirigeant", a-t-elle commenté sur son compte Twitter.

Le parti de gauche radicale des Combattants pour la liberté économique (EFF) qui appelle aussi au départ de Jacob Zuma, n'a pas fait connaître publiquement sa position sur le vote de destitution de mardi.

La semaine dernière, l'EFF, habitué aux esclandres au parlement, avait cependant menacé de s'en prendre physiquement au président, s'il prenait la parole devant les députés avant la fin de la procédure de destitution.

La dernière tentative de destitution de Jacob Zuma remonte à septembre 2015, après le refus du président de faire arrêter son homologue soudanais Omar el-Béchir, recherché par Cour pénale internationale pour génocide et crime de guerre au Darfour (ouest du Soudan). Le parlement avait alors rejeté la procédure engagée par l'opposition.


Avec AFP

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