Tout se jouera à une ou deux voix près, lors d'un vote qui pourrait avoir lieu tard dans la nuit de jeudi à vendredi.
La scène sera la même que pour le psychodrame de l'abrogation de la loi santé de Barack Obama, cet été: au milieu de la nuit, trois sénateurs, dont John McCain, avaient torpillé cette première promesse de campagne du dirigeant républicain.
Cette fois, la majorité républicaine est plus soudée sur la philosophie générale de la réforme: une forte baisse d'impôts pour les entreprises et pour les particuliers, ainsi qu'une grande simplification fiscale qui permettrait aux Américains de remplir leur déclaration d'impôts sur une "carte postale". Le but affiché: soulager la classe moyenne et doper la croissance.
A quelques heures du verdict, l'optimisme domine. John McCain a annoncé jeudi matin qu'il voterait "oui". Un de ses collègues, John Kennedy, croit qu'un ou deux républicains pourraient voter "non", mais garantit: "nous allons adopter cette affaire".
Il y a 52 républicains sur 100 sièges, la majorité n'a donc droit qu'à deux défections, tous les démocrates étant opposés.
Jusqu'au bout, les républicains ajusteront le texte. Des conservateurs s'inquiètent de voir leur parti fouler aux pieds l'orthodoxie budgétaire qu'il a longtemps prêchée lorsque Barack Obama était à la Maison Blanche: la réforme ajoutera en effet 1.400 milliards de dollars à la dette publique sur la prochaine décennie.
D'autres transigent sur tel ou tel article. Le taux d'imposition des sociétés en nom propre, les avantages fiscaux pour les familles avec enfants, ou encore la suppression, glissée dans le plan, de l'obligation de souscrire une assurance maladie, qui est l'un des piliers d'"Obamacare". Même le taux final de l'impôt sur les sociétés pourrait être de 21 ou 22%, au lieu des 20% réclamés par Donald Trump (actuellement, ce taux est de 35%).
Première réforme depuis 1986
Mais pour le milliardaire, les républicains n'ont pas le droit à l'échec: "Les républicains ont le Sénat, les républicains ont la Chambre, les républicains ont la Maison Blanche. C'est très inhabituel. Nous devons saisir cette chance pour libérer notre économie", a-t-il déclaré mercredi.
Si la réforme est adoptée par le Sénat, il restera encore du chemin à parcourir, car il faudra harmoniser le projet des sénateurs avec celui adopté le 16 novembre par la Chambre des représentants. Les deux chambres sont dominées par les républicains mais leurs plans diffèrent sur certains détails.
In fine, les chefs républicains intiment à leurs troupes de ne pas faire capoter la réforme pour ces points de détail. Ils préviennent qu'ils pourraient le payer dans les urnes, aux législatives de novembre 2018.
"Pour résumer, 52 personnes essaient d'acheter une voiture", a expliqué le sénateur républicain Lindsey Graham, adepte des métaphores. "Nous ne sommes peut-être pas tous d'accord sur la couleur ou le modèle, mais si nous n'achetons pas de voiture, on va tous devoir marcher. Et la plupart des gens préfèrent avoir une voiture plutôt que d'être à pied".
La journée de jeudi verra donc les sénateurs débattre et voter sur des amendements relatifs à la couleur et au modèle de leur futur véhicule.
L'opposition démocrate, unie contre le projet, argumentera de son côté que la voiture est trop chère et ne profitera qu'aux riches. Des analyses montrent que tous les niveaux de revenus gagneront en pouvoir d'achat, mais que les 5% de ménages les plus aisés profiteront relativement plus de la refonte.
La discipline de groupe prévaudra-t-elle?
"Je suis optimiste et pense que nous réformerons la fiscalité en profondeur pour la première fois depuis 31 ans" et la présidence de Ronald Reagan, a déclaré sur Fox News le chef du Sénat, le républicain Mitch McConnell.
"C'est presque prêt à sortir du four", a ajouté Lindsey Graham sur CNN.
Avec AFP