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Erdogan promet de poursuivre l'offensive contre les Kurdes en Syrie


Entrée de chars turcs dans l'enclave d'Afrin, nord de la Syrie, le 22 janvier 2018.
Entrée de chars turcs dans l'enclave d'Afrin, nord de la Syrie, le 22 janvier 2018.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a promis de mener à terme l'offensive de son pays dans le nord de la Syrie contre une milice kurde, qui a appelé à l'aide le régime de Bachar al-Assad.

Cette opération turque en Syrie continue à alimenter des frictions avec les Etats-Unis, mais le Pentagone a affirmé jeudi que Washington et Ankara étaient en discussion concernant la création d'une "zone sécurisée" le long de la frontière syrienne. "Clairement, nous continuons à parler aux Turcs de la possibilité d'une zone sécurisée, appelez cela comme vous voulez", a déclaré à des journalistes Kenneth McKenzie, porte-parole du ministère américain de la Défense.

Sur le front diplomatique, un nouveau round de pourparlers de paix sur la Syrie doit se poursuivre vendredi à Vienne sous l'égide de l'ONU, mais le regain de violence sur le terrain rend hypothétique l'espoir d'avancées significatives.

Au sixième jour de cette offensive contre l'enclave d'Afrine qui suscite l'inquiétude de plusieurs pays, M. Erdogan s'est rendu jeudi, lors d'une visite surprise à la frontière syrienne, au QG de commandement de l'opération dans la province de Hatay en compagnie du chef de l'armée et du ministre de la Défense, selon la présidence turque.

Lors de ce déplacement, il a affirmé que l'offensive, qui vise la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), considérée comme "terroriste" par Ankara, se poursuivrait "jusqu'à ce que le résultat soit obtenu", selon un communiqué de la présidence turque.

- Veste de camouflage -

Le président turc, en veste de camouflage militaire, a assuré que l'opération visait à "nettoyer Afrine des terroristes" et à permettre aux Syriens réfugiés en Turquie de rentrer dans leur pays.

De l'autre côté de la frontière, où les Kurdes disposent d'une région de facto autonome, un responsable de l'enclave d'Afrine a appelé le régime de Bachar al-Assad à l'aide.

"L'Etat syrien (...), avec tous les moyens qu'il a, devrait faire face à cette agression et déclarer qu'il ne permettra pas aux avions turcs de survoler l'espace aérien syrien", a indiqué à l'AFP Othmane al-Cheikh Issa, co-président du Conseil exécutif du canton.

Dimanche, le vice-ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal Moqdad avait averti que son pays pourrait abattre les avions de combat turcs.

L'intervention turque dans le nord de la Syrie complique encore un peu plus la guerre qui a fait plus de 340.000 morts depuis 2011.

Le conflit implique plusieurs puissances régionales et internationales, comme la Turquie et les Etats-Unis, tous deux opposés à Bachar al-Assad mais aux intérêts parfois divergents.

Lors d'un entretien téléphonique entre M. Trump et M. Erdogan, selon le compte-rendu de la Maison Blanche, le président américain a "exhorté la Turquie à réduire et limiter ses actions militaires" et demandé d'éviter "toute action qui risquerait de provoquer un affrontement entre les forces turques et américaines".

Même si Ankara a assuré jeudi que la version américaine de ce coup de téléphone ne reflétait pas la teneur de l'entretien, le porte-parole du Pentagone a appuyé jeudi les propos de Donald Trump: "Particulièrement à Afrine, les opérations turques (...) sont une chose négative" car elles ajoutent "de la friction à l'équation" et "rendent difficile de se concentrer sur ce pourquoi nous sommes en Syrie".

- Fossé entre Washington et Ankara -

Cette passe d'armes illustre le fossé entre les deux pays au sujet des YPG. Liées au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) qui livre une guérilla meurtrière en Turquie, les YPG sont considérées comme une organisation "terroriste" par la Turquie qui veut les déloger d'Afrine, et, à terme, de tous les territoires qu'elles contrôlent le long de la frontière turque.

Mais Washington s'appuie sur les YPG pour combattre le groupe Etat islamique (EI).

Les YPG ont mis à profit leur alliance avec Washington pour étendre leur contrôle sur de vastes territoires dans le nord de la Syrie d'où les djihadistes ont été chassés.

Sur le terrain, l'artillerie et l'aviation turques ont de nouveau pilonné les positions des YPG. La localité de Jandairis, située près d'une ligne de front avec les rebelles proturcs, a été particulièrement touchée par des raids aériens et des tirs de roquettes.

"Je ne partirai pas de Jandairis tant que je suis en vie", a affirmé à l'AFP Abou Jiwane, un septuagénaire dont les bombardements ont endommagé la maison, poussant plusieurs voisins à partir.

Depuis samedi, près de 100 combattants des YPG et des groupes rebelles syriens pro-turcs ont été tués, ainsi que 33 civils, la plupart dans des bombardements turcs, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Ankara dément avoir touché des civils. L'armée turque a déploré trois morts.

L'offensive suscite l'inquiétude de plusieurs pays, notamment l'Allemagne qui a demandé à l'Otan l'ouverture de discussions sur l'opération.

Avec AFP

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