Ces dispositions font partie d'une vingtaine de mesures annoncées à l'issue d'une réunion gouvernementale organisée en urgence lundi dans la nouvelle ville de Diamniadio, près de Dakar, au lendemain de l'accident de la route largement présenté comme le plus meurtrier des dernières années.
Le drame imputé à l'éclatement d'un pneu a attiré un flot de critiques contre les autorités pour leur incapacité à faire respecter les règles de conduite, mais aussi la réglementation sur l'état des véhicules, malgré la multiplication des accidents.
Les bus, mais aussi les minibus communément appelés "sept places" ne pourront plus circuler entre les localités de 23H00 à 05H00. Les bus convoyant des passagers aussi bien que des marchandises sont un des principaux moyens de transport au Sénégal, y compris la nuit, et causent de nombreux accidents.
Les moteurs des transports de personnes et de biens seront bridés à 90 km/h. Les transports de personnes ne pourront plus être exploités que pendant dix ans, les transports de marchandises pendant 15 ans. Ces véhicules ne pourront plus être transformés, par exemple pour augmenter le nombre prévu de passagers ou installer sur le toit des porte-bagages souvent surchargés.
La collision survenue aux premières heures dimanche entre deux bus à Sikilo (centre), à quelque 250 km de Dakar, a fait 40 morts, selon un nouveau bilan officiel. "Une des (101) personnes blessées a perdu la vie lors de son transfert à Dakar" lundi soir, a dit le gouvernement dans un communiqué.
Maux de la route
L'accident a remis en lumière les maux de la route au Sénégal, comme dans de nombreux pays d'Afrique: vétusté et aménagement dangereux des véhicules, conduite inconsidérée, ou encore corruption répandue des agents chargés de faire respecter les lois ou passer le permis de conduire.
Les accidents de la route tuent officiellement 700 personnes chaque année au Sénégal, pays de plus de 17 millions d'habitants. Le Sénégal accusait en 2019 une mortalité sur les routes de 24 pour 100.000 habitants, et l'Afrique subsaharienne de 27 pour 100.000, pour un taux de 6 pour 100.000 dans l'Union européenne et de 2 en Suisse, selon la Banque mondiale.
Les autorités sénégalaises ont été durement critiquées pour ne pas avoir appliqué des mesures déjà prises par le passé contre l'insécurité routière. La plupart des mesures annoncées mardi feront l'objet d'un arrêté pour être exécutoires sous 72 heures.
Elles "ne doivent faire l'objet ni de report ni de compromis. Nous serons sans concession avec ceux qui contreviennent aux règles édictées pour garantir l'intégrité physique de nos concitoyens", a déclaré le Premier ministre Amadou Bâ.