Depuis fin juillet, les inondations ont fait 576 morts et affecté plus d’1,9 million de personnes, soit plus de 10% de la population de ce immense pays désertique d'Afrique centrale, selon le dernier bilan du Bureau des Nations pour la coordinations des affaires humanitaires (Ocha) au Tchad, en date du 4 octobre. Les eaux du Chari qui rejoint à N'djamena son affluent Logone, "ne cessent de monter" et ont atteint mercredi un niveau record de 8,18 mètres, a déclaré mercredi le Premier ministre Allah-Maye Halina, lors d'une réunion de crise en présence de l'état-major de l'armée.
Alors que des militaires ont déjà été déployés pour construire "des barrages et des diguettes avec des sacs de terre endiguant la progression de l'eau vers les habitations", le Premier ministre a appelé les entreprises "à mobiliser leurs engins" et mettre à disposition des remblais. "Chaque minute est précieuse", a-t-il averti.
Le neuvième arrondissement de N'Djamena -quartier construit en zone inondable dans les années 70 et 80 marquées par une grande sècheresse- est déjà touché par le débordement du Chari et du Logone, a constaté l'AFP sur place. Le dernier niveau record enregistré par le Chari, à 8,14 mètres, remonte au 13 novembre 2022, alors que le pays connaissait les précipitations les plus fortes et les plus meurtrières depuis le début des années 1960, selon les données de l'OCHA.
Depuis le début de l'été 2024, la province du lac Tchad est la plus touchée par les inondations mais aucune région n’a été épargnée, avec 119 départements concernés sur les 125 du pays, plus de 217.000 maisons détruites, 432.000 hectares de champs ravagées et 72.000 têtes de bétail noyées, selon le dernier bilan de l'Ocha. Les averses diluviennes, "rappel brutal de l'impact croissant du changement climatique", ont ravagé plusieurs régions du continent africain, faisant plus de 1.500 morts, touchant 4 millions de personnes et déplaçant plus d' 1,2 million de sinistrés au Burkina Faso, Cameroun, Tchad, Mali, au Nigeria, Niger et en Guinée, selon des chiffres publiés fin septembre par l'Organisation internationale des Migrations (OIM).
L'ONU avait déjà alerté début septembre sur l'impact des pluies torrentielles en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale, notamment au Tchad, en appelant à "une action immédiate et à un financement suffisant" face à la "crise climatique". Entre destructions et prise en charge des victimes, les besoins au Tchad sont estimés à 129 millions de dollars et sont pour l’heure, couverts à environ 15% selon l’Ocha.
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