"Le directeur de publication du média d'information indépendant 'Haut Parleur' Stéphane Mbaïrabé Ouaye a été interpellé dans la nuit du 2 au 3 octobre 2015 par la police judiciaire, sans mandat d'arrêt, puis enfermé dans une prison du commissariat central de N'Djamena", affirme RSF dans un communiqué.
Menotté et les yeux bandés, le journaliste "a été tabassé par des hommes en civil afin qu'il révèle ses sources après la publication la semaine dernière d'un article intitulé +Salay Deby, le voleur national+ dans lequel il critiquait le directeur général de la douane ainsi que son illustre frère, le président de la République Idriss Deby".
Le journaliste, ensuite libéré et qui porte les stigmates des coups reçus selon RSF, attend aujourd'hui d'être fixé sur la date de sa comparution en citation directe pour diffamation.
Ces mauvais traitements "témoignent une nouvelle fois de l'acharnement des autorités envers la presse", déclare Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de RSF.
"Stéphane Mbaïrabé Ouaye a été victime de pratiques ignobles qui rappellent celles de la direction de la documentation et de la sécurité (DDS) de l'ancien régime de Hissène Habré. Si l'entourage de la présidence considère que le journaliste a tenu des propos diffamatoires, il doit s'en remettre à la justice," ajoute-t-elle.
Ce journaliste, réputé critique à l'égard du pouvoir, avait passé quatre mois en détention avant d'être condamné à deux ans de prison avec sursis en 2013. Et le 12 juin, rappelle RSF, il avait déjà été arrêté et détenu sans convocation après une plainte en diffamation du frère du président, Salay Deby.
Le Tchad occupe la 135e place sur 180 pays dans l'édition 2015 du classement sur la liberté de la presse, établi par RSF.