"Beaucoup de personnes ont été arrêtées par la police à Molyko", un quartier étudiant de Buea, a affirmé un habitant de la ville joint par téléphone depuis Yaoundé.
Selon un autre habitant, les personnes interpellées ont été conduites au commissariat du quartier où les forces de sécurité étaient déployées en grand nombre.
L'information a été confirmée par une source proche des autorités camerounaises qui a affirmé qu'il n'était pas possible dans l'immédiat de connaître le nombre de personnes d'interpellées.
Cette vague d'arrestations a ciblé les lieux dits "Ndongo" et "Check-point", deux zones de Molyko où des groupes de séparatistes présumés multiplient des actions d'éclat depuis lundi, selon des témoins.
Ces arrestations sont intervenues après de nombreux échanges de tirs, dans la matinée, entre des séparatistes présumés et des membres des forces de sécurité.
"Une cinquantaine d'+Amba Boys+ (séparatistes anglophones armés) sont arrivés ce matin dans mon quartier. Ils ont tiré en l'air pendant plus de deux heures et ont brûlé trois voitures. Les militaires sont arrivés ensuite et les ont fait fuir, a raconté un témoin.
D'autres tirs ont eu lieu au quartier Muea.
Buea est la capitale du Sud-Ouest camerounais et celle de l'Etat que les séparatistes anglophones veulent créer, l'Ambazonie.
Depuis le début du conflit armé, fin 2017, les combattants séparatistes entrent régulièrement dans cette ville nichée sur les flancs du mont Cameroun, sans jamais avoir réussi à s'en emparer.
Un lycée attaqué
Des séparatistes présumés ont par ailleurs attaqué mardi un lycée à Babadjou, ville de la région francophone de l'Ouest, frontalière de celle du Nord-Ouest.
"Ils ont brûlé des salles de classes, la bibliothèque, et deux véhicules, dont celui du proviseur. Ils ont aussi emporté quatre motos", a affirmé une autorité de la ville, confirmant une information d'un responsable sécuritaire.
Fin 2017, après un an de protestation, des séparatistes anglophones ont pris les armes contre Yaoundé. Depuis, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest sont le théâtre d'un violent conflit armé opposant régulièrement l'armée, déployée en nombre, à des groupes épars de séparatistes armés qui, cachés dans la forêt équatoriale, attaquent gendarmeries et écoles et multiplient les kidnappings.
Selon l'ONU, 437.000 personnes ont été déplacées par le conflit dans les régions anglophones, et plus de 32.000 autres ont fui au Nigeria voisin.