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Tollé en RDC suite aux images des prisonniers souffrants et affamés exposés au passant


Des prisonniers affamés étendus dans la prison, Kabare, Sud-Kivu, 11 septembre 2017. (Facebook/Felly Kongawi Pamphile).
Des prisonniers affamés étendus dans la prison, Kabare, Sud-Kivu, 11 septembre 2017. (Facebook/Felly Kongawi Pamphile).

Les images qui circulent dans les réseaux sociaux ont provoqué une polémique en RDC. Des photos et une vidéo montrent une trentaine de prisonniers maigrichons, la peau sur les os, affamés et malades, incapables de se mouvoir devant la prison de Kabara, dans le Sud-Kivu.

L’Association de défense de droit de l’homme "SOS IJM " compte parmi ceux qui dénoncent la situation.

Son coordonnateur, Me Justin Bahirwe déplore qu’en début de cette semaine en territoire de Kabare au Sud Kivu, 28 prisonniers souffrants et affamés aient été exposés au passant dans un état d’évanouissement total.

Les passants qui ont emprunté le tronçon devant cette prison ont assisté avec désolation au mouvement de déplacement de ces détenus évanouis et amaigris, donnant même l’aire d’être sans vie, portés par leurs codétenus.

Aussitôt, la scène est relayée sur les réseaux sociaux et crée de la révolte dans l’opinion publique sud-kivutienne et congolaise, à voir ces êtres humains presqu’inertes à même le sol.

Selon Pascal Katagondwa, conseiller en charge des questions pénitentiaires au ministère provinciale de la justice au Sud Kivu, 28 détenus sur les 210 qui logent en ce moment dans cette prison ont connu des crises d’hypoglycémie sévère après une rupture de stock alimentaire de deux semaines et absence des médicaments pour le soins.

"Le médecin qui s’occupe d’eux aurait alors sollicité qu’ils soient placé en l’air libre à la suite d’une série d’évanouissement ", précise-t-il.

Pour Maitre Justin Bahirwe, coordonnateur de l’ONG locale SOS IJM qui fait le monitoring des conditions carcérales au Sud Kivu, c’est depuis plus de 3 mois que la ration alimentaire ordinaire n’est pas régulière dans les prisons du Sud Kivu.

Selon ces sources, les prisonniers auraient été exposés devant l’entrée de la prison pour susciter la pitié des passants. "Cela inadmissible dans un état de droit", réagit M. Bahirwe.

Maitre Bahirwe estime que ce qui vient de se passer à Kabare met au grand jour une réalité vécue dans les prisons du Sud-Kivu.

Le conseiller en charge des questions pénitentiaires Pascal Katagondwa indique que la compétence liée à la prise en charge des détenus dans cette prison revient au gouvernement central et que surement que tout est mis en œuvre pour palier au problème dans un bref délai.

En attendant, ajoute-t-il, le gouvernement provincial du Sud-Kivu a apporté son soutien de 200 kg de haricot et la même quantité de farine de maïs.

Avec la chaîne de solidarité qui a suivie aussitôt, les prisonniers ont de quoi tenir pendant 2 semaines, conclut Katagondwa.

"Tous les prisonniers qu’on a vu étaler ce jour-là ont déjà recouvré leur santé et vivacité, trois cas graves (ont été) transférés dans un hôpital de la province sont déjà retourné sain et sauf sous les verrous," explique M. Katagondwa.

Selon des sources pénitentiaires, sur les 210 détenus de la prison de Kabare, il y a 9 femmes et un nourrisson dépendant de sa mère en détention préventive.

Les même sources précisent que de ces 210 prisonniers, seuls 45 ont été condamnés et donc 165 sont en détentions préventives.

De 28 détenus évanouis lundi à Kabare, seulement 5 prisonniers étaient déjà condamnés, selon Pascal Katagondwa.

Le Sud-Kivu compte plus de 3000 prisonniers repartis dans une dizaine de prison.

La RDC a connu cette année une succession d’évasions spéculaires de plusieurs prisons et lieux carcéraux généralement surpeuplés et mal ou pas du tout entretenus. Plus 800 détenus se sont échappés en mars de la prison centrale de Kinshasa.

Reportage d’Ernest Muhero dans le Sud-Kivu pour VOA Afrique

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