Réaliser une suite trois décennies plus tard, avec un héros principal bientôt âgé de 60 ans, avait tout du piège. Mais le film tient son pari au trois-quart (le 25 mai en France, le 27 aux USA).
D'abord en assumant l'âge de "Maverick", sobriquet du pilote incarné par Tom Cruise, héros à l'ancienne. Et en le frottant à une nouvelle génération de la crème des pilotes US. Avec notamment Miles Teller ("Whiplash") en fils de "Goose", l'ancien co-équipier de "Maverick" et personnage tué dans le premier épisode.
Les premières scènes font référence à "L'étoffe des héros", signé Philip Kaufman (1983), Cruise marchant dans les pas de Sam Shepard en pilote d'essai tête-brûlée.
Avec un premier morceau de bravoure à la clé. "J'ai toujours su que c'était comme cela que je voulais ouvrir le film, dès le début, pour permettre au public de se dire +tu vas avoir ce que tu veux, crois-moi+", disait récemment Cruise à l'AFP aux Etats-Unis.
Ed Harris, qui jouait dans "L'étoffe des héros", apparaît d'ailleurs dans "Top Gun: Maverick": un haut-gradé qui pense que les drones sont l'avenir et les pilotes le passé.
Mais un coup de pouce d'"Iceman" (Val Kilmer, autre acteur clé du premier volet), devenu amiral, va permettre à "Maverick" de revenir au centre de formation où tout a commencé.
Ce renvoi d'ascenseur sonne comme un écho à leur vie réelle. "Dans le premier, je me suis vraiment battu pour qu'il soit dans le film, parce que Val est un acteur formidable, je voulais qu'il joue ce personnage", raconte Cruise dans la presse américaine.
Le cancer de la gorge dont souffre Kilmer dans la vie est intégré dans la narration du film. Là encore, le vieillissement des protagonistes n'est pas caché, même si Cruise reste valorisé.
On regrettera des personnages féminins encore trop secondaires. Mais cette suite moins va-t-en guerre tourne la page du "Top Gun" initial, réalisé par Tony Scott, immense succès en 1986 mais collection de symboles virilistes d'une Amérique sous Ronald Reagan.
Avec les années, ce film est devenu culte avec ses clichés des productions clinquantes des années 1980: la moto de Cruise, sa rivalité/bromance avec Kilmer, le chemisier blanc de Kelly McGillis sous son blouson en cuir. Sans oublier le tube du groupe Berlin "Take my breath away", derrière lequel on trouvait tout de même le producteur de génie Giorgio Moroder.