Au stade Metropolitano de l'Atlético, les "Reds" du technicien allemand Jürgen Klopp s'avancent en favoris, forts de l'expérience d'une finale perdue l'an dernier à Kiev face au Real Madrid (3-1). Le trio d'attaquants Salah-Firmino-Mané est redoutable, le défenseur Virgil Van Dijk infranchissable.
Mais les "Spurs" de l'entraîneur argentin Mauricio Pochettino et du capitaine français Hugo Lloris ont déjoué tous les pronostics en poules, en quarts, en demies, au point de rêver d'un nouveau miracle en finale... avec peut-être le renfort in extremis de leur talisman Harry Kane, de retour de blessure.
Pour la première fois depuis 2014, la Ligue des champions va quitter l'Espagne samedi. Et après trois années de domination du Real de Zinédine Zidane, la finale de Madrid fait figure de passation de pouvoir entre la Liga et l'opulente Premier League, en dépit de l'interminable feuilleton politique du Brexit.
Mercredi, Chelsea a été sacré aux dépens d'Arsenal en Ligue Europa (4-1) et le match de samedi constitue une nouvelle finale européenne 100% anglaise, onze ans après un choc Chelsea-Manchester United en finale de la C1 2008.
"Ca ne m'étonne pas de voir les clubs anglais" revenir au sommet, a concédé Zidane, très admiratif de ses homologues Klopp et Pochettino. "Les entraîneurs qui sont à la tête de ces équipes-là amènent leur nouveauté, leur savoir-faire, qui est différent."
- Sous haute surveillance -
Le charismatique Allemand et l'exigeant Argentin ont accumulé les éloges depuis quatre ou cinq années sur les bancs anglais; mais aucun trophée.
Pour l'un ou pour l'autre, l'histoire changera samedi: soit Liverpool décrochera sa sixième C1, la première depuis 2005, soit Tottenham soulèvera la "coupe aux grandes oreilles" pour la première fois de son histoire. Dans les deux cas, un club habitué aux défaites glorieuses s'invitera dans le camp des gagnants.
"L'an dernier, quand nous avons repris l'avion au départ de Kiev juste après la finale, nous étions vraiment tous tristes, déçus, frustrés", a raconté Klopp, qui a perdu les trois finales européennes qu'il a disputées. "Mais nous avons une nouvelle chance immédiate, dès l'année suivante, et c'est vraiment immense."
Même sens des responsabilités chez Pochettino: "Nous pouvons écrire l'histoire, écrire notre histoire et offrir à nos supporters et à nos familles la plus belle des joies du football."
Au moins 32.000 fans des deux camps sont attendus dans la capitale espagnole ce week-end pour une belle fête du sport... sous haute surveillance: face aux risques de débordements, les autorités ont déployé un dispositif de sécurité sans précédent avec 4.700 agents et un drone pour surveiller les mouvements de foule.
- L'inconnue Kane -
Des milliers de supporters sans billet devraient également affluer à Madrid et l'inquiétude est là, même si la rivalité Tottenham-Liverpool n'est pas des plus bouillantes.
Sur le terrain en revanche, la touffeur s'annonce caniculaire (plus de 30°C à 16h00) et les deux équipes brûleront d'intensité et de pressing.
Le bras de fer sera aussi mental: donnés pour morts après les demi-finales aller, les deux clubs ont été renversants au match retour, face à l'Ajax Amsterdam pour Tottenham (0-1, 3-2) et contre Barcelone pour Liverpool (0-3, 4-0).
"Cela nous a donné beaucoup d'énergie, de positivité et de confiance pour la finale", a résumé Hugo Lloris pour l'AFP. "Mais c'est également le cas pour Liverpool."
Impressionnants vice-champions d'Angleterre derrière Manchester City, les "Reds" sont "des monstres de mental" selon les mots de Klopp. Et la star Mohamed Salah espère rester sur la pelouse un peu plus longtemps qu'en finale 2018, où l'Egyptien était sorti blessé et en larmes après 30 minutes.
Quant aux "Spurs", ils pourraient s'offrir un coup de fouet au moral samedi avec le retour de blessure de Kane. Formé au club, leader d'attaque de Tottenham, l'Anglais a dit être "prêt". Pochettino pourrait néanmoins lui préférer le Sud-Coréen Son Heung-min. Le Brésilien Lucas, héros de la demi-finale avec un triplé, n'est lui pas sûr d'être titulaire...
Tout est en place pour la grande explication à Madrid. Et c'est toute l'Angleterre du football qui espère un "happy end".