C'est la première fois que des magistrats sont officiellement accusés de corruption au Burkina Faso, même si des médias locaux ont régulièrement dénoncé des cas de corruption.
La commission pointe notamment du doigt le "monnayage de la programmation des dossiers (...) de la liberté provisoire" et du "recouvrement de sommes d'argent dans les cabinets d'instruction et dans les sous-unités de police judiciaire (...) avant toute décision".
A l'issue de l'examen de "51 dossiers" et l'audition de "233 personnes - magistrats, greffiers, avocats, acteurs de la police judiciaire, journalistes, acteurs de la société civile -, la commission d'enquête a conclu à l'existence de manquement à l'éthique et à la déontologie dans 29 dossiers et impliquant 37 magistrats principalement, et incidemment trois avocats, cinq greffiers, quatre OPJ (officiers de police judiciaire) et APJ (auxiliaires de police judiciaire) de la gendarmerie nationale", écrit son président Mazombé Jean Kondé.
"La plupart des manquements relevés contre les magistrats ont été facilités par des avocats, des greffiers, des GSP (Garde de sécurité pénitentiaire)", poursuit le texte.
Les magistrats ont "profité de leur position pour extorquer des fonds à des justiciables, ou pour se faire corrompre", a expliqué à l'AFP une source judiciaire sous couvert d'anonymat.
Selon la commission d'enquête, "les suites disciplinaires relèvent de la compétence du CSM (Conseil supérieur de la Magistrature) dans sa composition plénière".
Élu en novembre 2015, le président Roch Marc Christian Kaboré avait, lors de sa campagne électorale, fait de la lutte contre la corruption une priorité de son mandat.
En février 2016, il a fait adopter un projet de loi créant des juridictions spécialisées dans la répression des infractions économiques et financières.
Avec AFP