Critiquée par des proches de victimes, cette décision de remettre en liberté les anciens "junglers" Malick Jatta, Omar Jallow et Amadou Badjie vise à encourager d'autres auteurs présumés de violations des droits humains à venir témoigner, a expliqué lors de sa conférence de presse mensuelle le ministre, Abubacarr Tambadou.
"Ce que nous devons absolument éviter, c'est de décourager les gens de venir dire la vérité" devant cette commission chargée de faire la lumière sur les crimes commis pendant les 22 ans du régime de M. Jammeh (1994-2017), a déclaré le ministre, en expliquant avoir pesé sa décision "en ayant à l'esprit les victimes et leurs familles endeuillées" et en précisant qu'il ne s'agissait pas d'une amnistie.
Débutées en janvier, les auditions devant la TRRC, très suivies par les Gambiens, ont repris lundi après une dizaine de jours d'interruption.
Lors de sa précédente session fin juillet, Malick Jatta, Omar Jallow et Amadou Badjie, qui faisaient partie d'une unité officieuse de soldats choisis au sein de la garde nationale, ont reconnu avoir notamment assassiné le journaliste Deyda Hydara, correspondant de l'AFP en Gambie depuis 30 ans, plus de 50 migrants ouest-africains échoués sur une plage, ainsi que d'anciens compagnons de route du président soupçonnés de vouloir le renverser.
Les trois hommes sont aux arrêts dans des casernes depuis leur interpellation en février-mars 2017, sans avoir été jugés, a souligné M. Tambadou, en expliquant qu'ils ne devaient pas être traités différemment d'autres auteurs présumés de crimes restés en liberté afin de faciliter le processus de réconciliation nationale.
Un ex-membre de la junte, Yankuba Touray, a pour sa part été arrêté en juin après avoir refusé de répondre aux questions de la Commission.
"Je ne me sens pas respectée par mon gouvernement, qui libère les hommes qui viennent de confesser avoir sauvagement tué mon fils", a déclaré Ya Mamie Cessay, la mère d'un des deux hommes d'affaires américano-gambiens tués et décapités en 2013 après que Yahya Jammeh a donné l'ordre de les "couper en morceaux", citée lundi par l'ONG Human Rights Watch.