Face à un parterre galvanisé scandant "USA! USA!", le président américain s'est offert un bain de foule et a passé les trois quarts de son discours à épingler les médias, les élites et "Washington", comme aux belles heures de sa campagne.
Le vice-président Mike Pence et le secrétaire au Logement Ben Carson avaient chauffé la salle pour lui.
"Vous avez toujours compris ce que Washington DC ne comprenait pas", a déclaré le locataire de la Maison Blanche au public, dans lequel flottaient beaucoup de pancartes "Les femmes pour Trump" ou "Les anciens combattants pour Trump", et bien sûr les casquettes "Rendre à l'Amérique sa grandeur", son slogan de campagne. Une poignée de protestataires s'étaient glissés dans la foule, vite escortés vers la sortie.
Il a répété que "notre mouvement est fondé sur l'amour pour les Américains, pour les laissés pour compte, pour chaque enfant américain qui mérite une chance de réaliser ses rêves..." avant d'embrayer sur les suites des événements de Charlottesville, qui "ont touché l'Amérique en plein coeur".
"J'ai parlé avec force contre la haine et l'intolérance quand j'ai appris les événements" survenus il y a dix jours dans cette ville de Virginie lors d'un rassemblement de groupes d'extrême droite, notamment des néonazis et des suprémacistes blancs.
Des violences avaient éclaté entre militants d'extrême droite et contre-manifestants, et une jeune manifestante avait été tuée lorsqu'unsympathisant nazi avait foncé dans la foule avec sa voiture.
- Le conducteur, 'une personne horrible' -
Raillant les médias qui l'ont accusé d'avoir réagi trop tardivement ou de ne pas avoir suffisamment condamné l'auteur du meurtre, M. Trump a lancé: "Voici ma déclaration: le conducteur de la voiture est une personne horrible".
Déplorant ceux qui veulent "effacer notre histoire et notre culture" en enlevant les statues de héros confédérés, il s'est toutefois gardé d'évoquer la violence "des deux côtés", formule qui avait enflammé les esprits et avait été interprétée par beaucoup, y compris dans les rangs des Républicains, comme créant une équivalence entre les contre-manifestants et les néonazis.
M. Trump a ensuite passé une vingtaine de minutes à s'en prendre aux médias, qu'il a fait abondamment huer.
"Il est temps de faire admettre aux médias leur responsabilité pour les divisions qu'ils génèrent", a déclaré, avant d'attaquer ses cibles favorites: CNN, le New York Times, le Washington Post, et de faire applaudir la chaîne conservatrice Fox News.
Le magnat de l'immobilier a ensuite ironisé sur le nombre des opposants qui manifestaient en bas du centre de conventions de Phoenix où se tenait son rassemblement, et qui criaient "Honte! honte! honte!" ou tenaient des pancartes assimilant Donald Trump à Hitler ou aux nazis.
"Toute la semaine, ils ont parlé de la foule massive qui allait être ici. Où sont-ils? Je crois qu'il fait trop chaud", a badiné M. Trump, faisant rire le public.
Quelques centaines de manifestants étaient initialement présents mais leur nombre a ensuite gonflé pour atteindre plusieurs milliers, selon un correspondant de l'AFP.
Contrairement à Charlottesville, et malgré les cris qui montaient, le face-à-face n'a pas dégénéré en affrontements violents.
M. Trump a embrayé sur les emplois, l'antidote aux tensions raciales selon lui, assurant qu'un million d'emplois ont été créés depuis son entrée à la Maison Blanche et que l'immigration mettait "une incroyable pression sur les familles (d'Américains) qui travaillent".
L'Arizona, l'Etat frontalier tout au sud des Etats-Unis où se trouve Phoenix, "connaît les conséquences mortelles et si tristes de l'immigration illégale, les vies perdues à cause de la drogue, des cartels, des gangs".
M. Trump a toutefois évité une annonce qui aurait pu mettre le feu aux poudres après Charlottesville: une grâce présidentielle pour l'ex-shériff du comté de Maricopa où se trouve Phoenix, Joe Arpaio, condamné pour avoir enfreint un jugement fédéral en pourchassant excessivement les sans-papiers.
"Je ne vais pas le faire ce soir parce que je ne veux pas créer de controverse", mais "le shériff peut être tranquille", a-t-il promis, laissant entendre que ce pardon n'était que partie remise.
Auparavant, le commandant-en-chef s'était rendu à Yuma, dans l'Arizona, à proximité de la frontière avec le Mexique, afin de vanter les mérites du mur qu'il entend ériger sur toute sa longueur. Il y a rencontré les agents chargés de surveiller la frontière, "des gens formidables".
Enfin, M. Trump a balayé les remarques de ceux qui condamnaient sa rhétorique guerrière des dernières semaines face à la Corée du Nord. Selon lui, son attitude agressive porte ses fruits et son homologue nord-coréen Kim Jong-Un commence à "respecter" les Etats-Unis.
Avec AFP