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Trump défend son droit de partager des renseignements avec Moscou


Le président Donald Trump salue le ministre russe des affaires étrangères Sergey Lavrov à la Maison Blanche à Washington, 10 mai 2017.
Le président Donald Trump salue le ministre russe des affaires étrangères Sergey Lavrov à la Maison Blanche à Washington, 10 mai 2017.

Accusé d'avoir été trop bavard avec le chef de la diplomatie russe, Donald Trump a revendiqué le droit de partager des renseignements, affirmant l'avoir fait pour que Moscou s'implique avec plus de détermination dans la lutte contre le groupe Etat islamique.

"En tant que président je voulais partager avec la Russie (lors d'une réunion à la Maison Blanche publiquement connue), comme j'en ai absolument le droit, des faits concernant (...) le terrorisme et la sécurité aérienne. Pour des raisons humanitaires, et je veux en plus que la Russie accélère nettement sa lutte contre l'EI (groupe Etat islamique, ndlr) et le terrorisme", a-t-il écrit sur Twitter au petit matin.

Après s'être ainsi justifié, le président américain a contre-attaqué en dénonçant à nouveau "les fuites" venant selon lui du monde du renseignement, faisant référence, toujours sur Twitter, à l'ex-chef du FBI James Comey qu'il a récemment limogé.

"J'ai demandé au directeur Comey et à d'autres, depuis le début de mon administration, de trouver les RESPONSABLES DES FUITES dans la communauté du renseignement", a-t-il souligné.

Donald Trump entretient des relations tendues avec les services de renseignement, qu'il a vertement critiqués lors de sa campagne présidentielle.

La méfiance est telle, selon des médias américains, que des agents avaient prévenu après sa victoire des homologues étrangers qu'il pourrait être dangereux de donner des informations à l'administration Trump, sous peine de les voir partagées avec d'autres pays comme la Russie.

'Crédibilité entamée'

Selon le Washington Post, M. Trump a, lors d'une rencontre récente dans le Bureau ovale avec Sergueï Lavrov, évoqué des renseignements concernant une opération du groupe Etat islamique en préparation. Ces informations avaient été communiquées par un partenaire des Etats-Unis qui n'avait pas donné l'autorisation à Washington de les partager avec Moscou. Leur divulgation pourrait donner des indications sur la façon dont elles ont été collectées, et pourrait par ailleurs mettre en difficulté des sources, selon le journal.

Le général H.R. McMaster, qui dirige le Conseil de sécurité nationale et a assisté à la réunion, a démenti que des sources ou des méthodes de renseignement aient été évoquées lors de cette conversation, sans toutefois explicitement contester que des informations classifiées aient été divulguées par le président américain. "L'histoire, telle qu'elle a été rédigée, est fausse", a-t-il affirmé lundi.

De son côté, le Kremlin a qualifié mardi de "n'importe quoi" cette affaire. Et "nous n'avons ni à démentir ni à confirmer", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, à des journalistes.

'Grave accusation'

Le président américain "a révélé plus d'informations à l'ambassadeur russe que nous n'en avons partagé avec nos propres alliés", a indiqué ce responsable, sous couvert d'anonymat.

La question de ses relations avec la Russie plane sur Donald Trump et son entourage depuis bien avant son arrivée à la Maison Blanche fin janvier.

Avant son limogeage, le chef du FBI James Comey avait annoncé que ses services enquêtaient sur l'éventuelle collusion entre l'équipe de campagne du milliardaire américain et la Russie. Deux commissions parlementaires s'intéressent également à la Russie, soupçonnée d'ingérence dans la campagne américaine.

Pour le blog américain spécialisé Lawfare, référence aux Etats-Unis notamment sur les questions légales relatives au terrorisme, "il s'agit peut-être de la plus grave accusation de mauvaise conduite présidentielle en quatre mois d'une administration Trump plombée par les scandales".

Ses auteurs soulignent que le président est autorisé à révéler les informations qu'il désire et n'a donc pu "enfreindre aucune loi pénale". Mais les données communiquées "pourraient être utilisées pour déduire des sources et méthodes qui n'ont pas directement été révélées".

"Si c'est avéré, Trump n'a pas seulement compromis nos propres sources de renseignement, mais aussi celles d'un autre pays", poursuivent ses auteurs. Or le partage du renseignement entre Washington et ses alliés "est essentiel pour la sécurité des Etats-Unis dans le monde, et en particulier dans la lutte de la coalition contre l'EI", soulignent-ils.

Avec AFP

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