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Trump et l'Iran s'interpellent à coup de tweets menaçants


Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, Berne, Suisse, le 2 juillet 2018.
Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, Berne, Suisse, le 2 juillet 2018.

Le ton monte, par tweets interposés: le président américain Donald Trump a lancé une mise en garde d'une rare virulence contre l'Iran, à laquelle Téhéran a répondu du tac au tac.

Le message menaçant de Donald Trump, envoyé tard dimanche soir, a suscité des interrogations sur la stratégie américaine face à la République islamique, l'administration Trump étant régulièrement soupçonnée de caresser l'espoir d'un changement de régime en Iran.

Dans un registre évoquant celui utilisé il y a un an face à la Corée du Nord, le président américain a appelé l'Iran à "ne plus jamais" menacer les Etast-Unis au risque d'en "subir les conséquences".

"NOUS NE SOMMES PLUS UN PAYS QUI SUPPORTE VOS PAROLES DÉMENTES DE VIOLENCE ET DE MORT. FAITES ATTENTION !", a-t-il écrit dans un message adressé à son homologue iranien Hassan Rohani.

"FAITES ATTENTION !", lui a rétorqué quelques heures plus tard, exactement sur le même mode, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif.

Si le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahua rendu hommage à la "position ferme" du président américain, ce message abrupt a aussi suscité une avalanche de questions sur sa portée exacte.

Interrogée sur les motivations du président, sa porte-parole Sarah Sanders a souligné que son "objectif ultime" était de s'assurer que Téhéran n'obtienne pas l'arme nucléaire et "la protection des Américains".

Ce message est intervenu après un avertissement de M. Rohani au dirigeant américain, lui conseillant de "ne pas jouer avec la queue du lion" et assurant qu'un conflit avec l'Iran serait la "mère de toutes les guerres".

Le président iranien a en outre de nouveau averti que l'Iran pourrait fermer le détroit stratégique d'Ormuz, qui contrôle le Golfe et par où passe jusqu'à 30% du pétrole mondial transitant par voie maritime.

Une menace qui a poussé le centre de réflexion International Crisis Group à relever le niveau de menace sur ce passage stratégique à "sévère".

Le 8 mai, M. Trump, qui a fait du régime de Téhéran sa principale bête noire, a claqué la porte de l'accord censé empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique et de rétablir toutes les sanctions levées dans le cadre de ce texte jugé trop laxiste.

"Détourner l'attention"

Nombre d'observateurs voyaient d'abord lundi dans la virulente sortie du président une volonté de faire diversion a moment où il traverse une passe difficile après ses propos particulièrement conciliants à l'égard de son homologue russe Vladimir Poutine à Helsinki.

"Frustré par l'absence de progrès avec la Corée du Nord, en colère à cause des réactions négatives après Helsinki, Trump essaye d'évacuer, de faire le dur et de changer de sujet", a réagi Aaron David Miller, ancien diplomate et négociateur dans plusieurs administrations démocrates comme républicaines.

"Si la tirade en majuscules de Trump démontre une chose, c'est que les Etats-Unis n'ont pas de politique sur l'Iran", a-t-il ajouté, déplorant une réthorique "vide et ridicule".

S'appuyant sur ses discussions avec des responsables européens, Rob Malley, président de l'International Crisis Group, soulignait de son côté que ces derniers "ne prennent pas vraiment au sérieux (le tweet présidentiel), y voyant d'abord une façon de détourner l'attention de Mueller (procureur spécial qui enquête sur une éventuelle collusion entre Moscou et l'équipe Trump) et Poutine".

Si les deux dossiers sont à de nombreux égards très différents, les mots utilisés par Donald Trump évoquent ceux employées il y a un peu plus d'un an à l'adresse du régime nord-coréen et nombre d'observateurs voient des similitudes avec la campagne de "pression maximum" mise en avant face à Pyongyang.

>> Lire aussi : Des Iraniens sceptiques face aux déclarations américaines de soutien

En septembre 2017, lors de son premier discours devant l'assemblée générale de l'ONU, M. Trump avait menacé de "détruire totalement" la Corée du Nord, s'en prenant violemment au "régime dévoyé" de Pyongyang.

Il s'est depuis engagé dans un processus de négociations qui s'est traduit par un sommet à Singapour avec Kim Jong Un qu'il avait pourtant qualifié de Rocket Man" (homme-fusée).

Plus d'un mois après ce face-à-face historique, nombre d'observateurs soulignent cependant l'absence d'avancées concrètes sur la "dénucléarisation complète de la péninsule coréenne" que la communauté internationale appelle de ses voeux.

Lundi, le président américain a vivement réagi à un article du Washington Post selon lequel il serait, en privé, particulièrement frustré par l'absence d'avancée sur ce dossier.

"Les 'Fake news' disent, sans même me demander (toujours des sources anonymes), que je suis en colère parce que cela ne va pas assez vite. Faux, très heureux!", a-t-il tweeté.

Avec AFP

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