"Il est vrai qu'en ce moment notre société est en crise et sous pression (...), mais nous ne voulons pas que l'Occident nous impose une révolution qui puisse provoquer du désordre", affirme à l'AFP Haleh, psychologue dans une banlieue nord de Téhéran.
Dimanche lors d'un discours en Californie devant la diaspora iranienne, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a qualifié le gouvernement de Téhéran de "cauchemar pour le peuple iranien".
"Les Etats-Unis vous entendent, les Etats-Unis vous soutiennent, les Etats-Unis sont à vos côtés", a-t-il ajouté à l'intention des "Iraniens ordinaires en Iran et à travers le monde".
La tension s'est accrue dimanche quand M. Trump a répondu au président iranien Hassan Rohani qui lui avait conseillé de "ne pas jouer avec la queue du lion" car un conflit avec l'Iran serait la "mère de toutes les guerres".
"NE MENACEZ PLUS JAMAIS LES ÉTATS-UNIS OU VOUS ALLEZ SUBIR DES CONSÉQUENCES TELLES QUE PEU AU COURS DE L'HISTOIRE EN ONT CONNUES AUPARAVANT", a répliqué le président américain sur Twitter.
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De nombreux Iraniens, même ceux qui s'opposent au système en place, craignent de se voir imposer un changement de régime, surtout après le retrait unilatéral des Etats-Unis de l'accord visant à limiter le programme nucléaire iranien en échange de la levée des sanctions internationales contre ce pays.
La sécurité, une priorité
"Les gens aspirent au changement mais pas forcément à un changement de régime", soutient Firouzeh, employée de bureau à Téhéran.
Près de "40 ans ont passé depuis la révolution (islamique en 1979) et nous en payons toujours les conséquences. (Le peuple) est-il vraiment prêt à s'engager dans une autre révolution?", s'interroge-t-elle.
Indépendamment de leur point de vue sur leur gouvernement, les Iraniens apprécient la stabilité relative dont jouit leur pays, dans une région explosive.
"Pour nous, le plus important est la sécurité, et pour l'instant, nous l'avons. Nous voulons des réformes, mais les gens espèrent qu'elles adviendront sans violence", soutient Haleh, la psychologue.
Certains croient encore qu'un accord est possible avec le président américain.
"Trump est un homme d'affaires", affirme Amir, qui accumule les petits boulots. Selon lui, le président américain "fera une offre et on parviendra à un accord, avec l'aide de Dieu".
Il affirme que tous les Iraniens sont inquiets de la situation économique, avec un chômage grandissant, des hausses de prix et une dégradation de la monnaie locale par rapport au dollar.
"Le gouvernement doit être à l'écoute des problèmes du peuple. (Les résoudre) n'est pas quelque chose d'irréalisable", soutient cet homme d'une quarantaine d'années.
Pour lui, les Iraniens "n'accepteront pas d'être forcés (par des puissances étrangères). Ils agiront pour défendre leur honneur national et leur dignité".
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Le chef du Bassidj, milice islamique du régime iranien, a affirmé lundi que les menaces du président Trump faisaient partie d'une "guerre psychologique" et que ce dernier "n'était pas en position d'agir contre l'Iran".
Le "peuple et les forces armées s'élèveront contre nos ennemis et parviendront à leurs fins", a assuré le général Gholam Hossein Gheypour, selon l'agence Isna.
Avec AFP