Attendu depuis des mois, le projet républicain a enfin été dévoilé mercredi dans ses grandes lignes, avec de nombreux arbitrages délicats restant à trancher.
L'impôt fédéral sur le revenu serait réduit et deviendrait moins progressif, passant de sept tranches aujourd'hui à seulement trois, avec un taux maximal de 35% au lieu de 39,6%. Une éventuelle tranche supplémentaire sur les plus riches pourrait être ajoutée, mais la proposition reste vague.
Pour les entreprises, l'impôt sur les sociétés passerait de 35% à 20%, soit en-dessous de la moyenne des pays industrialisés de 22,5%, selon le texte.
"Mon projet est centré sur les travailleurs, sur les emplois", a déclaré le président américain depuis les jardins de la Maison Blanche avant son départ pour l'Indiana où il doit prononcer un discours pour défendre cette réforme, traduction de l'une de ses principales promesses de campagne.
"Je pense qu'il bénéficiera très peu aux gens fortunés", a-t-il asséné à l'attention de ses adversaires démocrates qui l'ont pris à parti sur ce thème.
"C'est la meilleure chance de notre génération pour baisser les impôts de la classe moyenne, créer des emplois aux Etats-Unis, et doper la croissance économique", a déclaré Paul Ryan, président de la Chambre des représentants.
"Cela fait 31 ans que nous l'attendons", a-t-il dit, rappelant que la dernière grande réforme datait de 1986, sous Ronald Reagan.
"Nous allons réduire les impôts de façon énorme pour la classe moyenne. Pas juste un petit peu, mais énormément", avait déclaré mardi Donald Trump.
Et de promettre pour les entreprises: "Nous sommes le pays le plus imposé du monde développé, et nous allons devenir le moins imposé".
Les républicains présentent leur réforme sous l'angle d'une grande simplification fiscale, afin que la déclaration de revenus des Américains puisse se faire, selon leur formule, sur une carte postale, en tout cas une seule page. Cela passe par la suppression de nombreuses déductions et niches fiscales, le code des impôts étant devenu au fil des décennies très complexe.
Seule deux déductions populaires sont explicitement protégées par les républicains: la sacro-sainte déduction des intérêts d'emprunts immobiliers, et celle concernant les dons caritatifs. Le débat sur les déductions à supprimer n'est pas tranché et occupera les parlementaires dans les prochains mois.
L'impôt sur les successions, que les conservateurs appellent "impôt sur la mort", serait aboli, conformément à une ancienne revendication des républicains.
Pour les entreprises, le plan prévoit également le passage à un système d'imposition territoriale, afin d'exempter les bénéfices réalisés à l'étranger et d'inciter à leur rapatriation aux Etats-Unis.
Opposition démocrate
Le président américain promouvra cette réforme mercredi après-midi lors d'un discours dans l'Indiana.
Après l'échec de l'abrogation de la loi sur la couverture maladie de Barack Obama, c'est désormais la priorité affichée du dirigeant et de sa majorité parlementaire. Initialement, l'objectif était d'adopter la réforme avant la fin de l'année, mais les chefs du Congrès se sont gardés de fixer une date-butoir.
Car le défi politique est formidable.
Les républicains disposent d'une majorité absolue à la Chambre et au Sénat, mais dans la chambre haute du Congrès, une majorité qualifiée de trois cinquièmes est généralement requise, ce qui imposera aux républicains de recevoir l'appui d'une partie de l'opposition démocrate.
Or la première réaction de la minorité n'était pas encourageante. Une fin de non-recevoir, en réalité.
"Ce n'est pas une réforme fiscale, c'est un cadeau pour les plus riches, payé par la classe moyenne", a déclaré Nancy Pelosi, chef des démocrates de la Chambre.
"Si ce document était censé aider la classe moyenne, alors la Trump Tower serait un logement pour la classe moyenne", a raillé le sénateur démocrate Ron Wyden.
Le sénateur Bernie Sanders a dénoncé des propositions "moralement répugnantes".
Au sein de la majorité, l'unanimité n'est pas non plus gagnée. Selon les affinités idéologiques et les régions, certains républicains défendront tel ou tel avantage fiscal, d'autres exigeront que la réforme ne creuse pas le déficit. Donald Trump lui-même souhaitait un impôt sur les sociétés à 15%, au lieu des 20% retenus mercredi.
Les démocrates ont tracé une ligne rouge: pas un centime de baisse de la fiscalité pour les 1% de ménages les plus riches.
Y parviendront-ils en 2017?
"Je pense que oui, mais on aura besoin de quelques démocrates", a commenté le sénateur Orrin Hatch, président de la commission des Finances. "Il va falloir qu'on surmonte nos différends et qu'on commence à travailler ensemble".
Avec AFP