Comme prévu en janvier, le produit intérieur brut américain devrait progresser de 2,3% cette année et de 2,5% en 2018, marquant une nette accélération par rapport à la performance en demi-teinte de l'année dernière (1,6%), a indiqué le Fonds monétaire international dans son rapport semestriel sur la conjoncture.
Moins de 100 jours après l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, le FMI continue donc de croire à une accélération à court terme de la première économie mondiale sur fond de promesse de dérégulation et de baisses d'impôts sur les sociétés.
"Jusqu'à maintenant, le changement attendu de politique économique a dynamisé les marchés financiers et renforcé la confiance des milieux d'affaires, ce qui pourrait alimenter encore davantage l'élan actuel", écrit le Fonds, notant que la croissance était auparavant freinée par de faibles investissements.
Depuis l'élection de M. Trump en novembre, les indicateurs américains sont, de fait, au beau fixe : le moral des ménages tutoie les sommets et Wall Street a battu des records.
Grands travaux
"Le pari sur une relance budgétaire et une réforme fiscale a libéré l'optimisme. Cela se voit sur les marchés, où les actifs sont au plus hauts depuis près de huit ans", a relevé la patronne du FMI, Christine Lagarde, dans un entretien paru mardi dans Le Figaro.
Selon le Fonds, cet optimisme est en particulier alimenté par le plan de relance budgétaire que le président a promis d'engager, notamment par une politique de grands travaux de 1.000 milliards de dollars.
La précédente administration Obama avait elle aussi dans les tuyaux un vaste plan pour rénover les infrastructures américaines vieillissantes elle mais s'était heurtée à l'opposition des républicains au Congrès.
Elu sous la bannière républicaine, M. Trump ne sera pas confronté aux mêmes obstacles mais le FMI souligne toutefois que "l'ampleur et la nature" de ce plan reste entouré d'incertitudes et met en garde contre de possibles effets pervers.
Si le levier budgétaire était actionné de manière trop vigoureuse, l'inflation pourrait ainsi grimper et forcer la banque centrale américaine à fermer le robinet du crédit plus vite que prévu, au risque de provoquer des turbulences financières à l'étranger, détaille le FMI.
Selon le Fonds, cela pourrait également conduire à "une brusque appréciation du dollar", au risque de pénaliser les exportations américaines et de compromettre l'engagement de M. Trump de rééquilibrer la balance commerciale des Etats-Unis.
Autre promesse de M. Trump, la réforme de la fiscalité des entreprises, qui passerait notamment par une réduction de l'impôt sur les bénéfices, est elle aussi entourée d'incertitudes.
Dans le cadre de ce grand chantier, les républicains défendent ainsi une taxe frappant les importations qui, selon le FMI, pourrait enfreindre les obligations des Etats-Unis en tant que membre de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) et provoquer des "disputes commerciales" avec d'autres pays.
Sans mentionner directement M. Trump, le Fonds met d'ailleurs en garde contre le risque plus général de provoquer une "guerre commerciale" et cherche implicitement à contrer les attaques de l'administration américaine contre le multilatéralisme.
"Des nouvelles actions multilatérales sont nécessaires pour s'attaquer aux défis communs", clame ainsi le FMI qui pointe également en creux les dangers de la dérégulation financière promise par M. Trump.
Selon le Fonds, une telle approche pourrait provoquer "des prises de risques excessives et augmenter la probabilité de futures crises financières".
Sur le plus long terme, le FMI prend là encore ses distances avec le pensionnaire de la Maison Blanche. Dans un "horizon lointain", le potentiel de croissance américain ne serait, selon l'institution, que de 1,8% alors que M. Trump assure pouvoir atteindre une expansion économique de 4%.
Avec AFP