Depuis ce monument à la gloire d'Abraham Lincoln, 16e président et défenseur de l'unité du pays pendant la guerre civile, Donald Trump entend prononcer un "hommage à l'Amérique".
Mais l'intervention d'un président qui divise autant le pays lors d'une journée traditionnellement apolitique suscite la controverse. C'est aussi dans ces lieux qu'en 1963, Martin Luther King Jr prononça son discours historique "I have a dream" en faveur de l'égalité pour les Noirs.
Habituellement, note Richard Hanley, expert des médias et de la culture populaire à l'université Quinnipiac, le 4-Juillet permet une sorte de "cessez-le-feu" national.
"C'est une journée que les gens mettent à profit pour oublier leurs différences et brandir le drapeau sans entrer dans les discussions politiques", explique-t-il. "Puis le 5 juillet, tout revient à la normale".
- En campagne -
Le 4-Juillet marque le Jour de l'indépendance, Independence Day, lorsqu'en 1776 treize colonies britanniques proclamèrent leur séparation de la couronne britannique et fondèrent les Etats-Unis d'Amérique.
Mais cette année, Donald Trump a décidé de tout changer et d'apparaître à 18h30 (22h30 GMT) sur les marches du Lincoln Memorial, à l'extrémité du National Mall, l'immense esplanade de la capitale où se dressent bâtiments officiels, musées et monuments.
En pleine campagne électorale, l'initiative de Donald Trump, qui vient d'annoncer sa candidature à un nouveau mandat, fait grincer des dents.
Plusieurs élus démocrates du Congrès lui ont adressé une lettre le mettant en garde contre la tentation de transformer l'Independence day en "un meeting de campagne partisan et télévisé sur le Mall".
Car la tradition du 4-Juillet américain est très différente de celle du 14-Juillet français, où le milliardaire républicain a puisé son inspiration.
A Washington, des groupes de musique jouent pour l'Independence Day, des fanfares défilent et on tire un grand feu d'artifices. La journée est très patriotique mais sans véritable dimension militaire.
Invité par son homologue français il y a deux ans pour le défilé militaire du 14-Juillet sur les Champs Elysées, Donald Trump avait été impressionné par son déroulement coloré, solennel et minutieusement réglé. "Il va falloir que nous fassions mieux", s'était-il exclamé.
L'idée initiale avait été d'organiser la parade militaire américaine pour Veterans Day, en novembre, mais un coût de 100 millions de dollars l'avait fait reculer. Et les célébrations de jeudi ne devraient pas avoir le même niveau d'ambition.
Donald Trump a insisté cette semaine sur sa capacité à rassembler les Américains, en dépit de l'immense polarisation créée par son élection en 2016. "Je le crois, je pense que mon message passe auprès de la plupart des Américains", a-t-il dit.
- Des opposants bien présents -
Ce 4 juillet "va être très différent, il va être spécial", a-t-il ajouté. Il y aura "des avions au-dessus de nous, les meilleurs avions de chasse au monde" et "nous aurons quelques chars", a-t-il précisé.
Air Force One, le Boeing 747 modifié que les présidents américains utilisent pour leurs déplacements officiels devrait survoler Washington, tout comme plusieurs avions de guerre F-35, les plus modernes au monde. Les Blue Angels, une patrouille d'acrobaties aériennes, effectuera une démonstration.
Mais les opposants à Donald Trump seront aussi de la partie.
L'organisation de gauche Code Pink déploiera dans le ciel de Washington le "Baby Trump", immense personnage gonflable représentant un bébé colérique à l'effigie du président américain. Il est désormais de beaucoup des manifestations anti-Trump à travers le monde.
Deux organisations d'anciens combattants prévoient aussi d'arborer et de distribuer des T-shirts honorant John McCain, le feu sénateur républicain et héros de la guerre du Vietnam qui était aussi l'un des principaux ennemis du président sur la scène politique américaine.
Avec AFP