Depuis l'annonce début mai d'une "tolérance zéro" du gouvernement sur l'immigration illégale, plus de 2.300 enfants et jeunes migrants ont été séparés de leurs familles, après leur arrestation à la frontière, fuyant, pour la plupart, la violence qui ronge l'Amérique centrale.
"Cela me tient particulièrement à cœur (...) Nous n'aimons pas voir des familles séparées", a affirmé le président américain en signant le décret dans le Bureau ovale.
"Nous allons avoir des frontières très fortes mais nous allons garder les familles ensemble", a encore dit celui qui a lui-même décrété début mai une "tolérance zéro" sur l'immigration illégale qui s'est traduite par la séparation des familles.
Le décret autorise la détention des parents et de leurs enfants ensemble sans limite de durée.
- Volte-face -
Cette volte-face a créé la surprise à Washington et à travers le pays: depuis plusieurs jours, la Maison Blanche répétait qu'elle ne faisait qu'appliquer la loi et que seule une modification de cette dernière par le Congrès permettrait de mettre fin aux séparations si critiquées.
"Le président s'accorde le mérite d'avoir héroïquement résolu la crise scandaleuse créée de toutes pièces par sa propre politique", a ironisé David Axelrod, ancien proche conseiller de Barack Obama.
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L'association de défense des droits civique ACLU a déploré que cette crise ait causé "des dégâts irréparables pour des milliers de familles de migrants". Elle a par ailleurs jugé que le décret annoncé allait remplacer une crise par une autre: "Les enfants n'ont pas leur place en prison", a-t-elle martelé.
Griffin, pédiatre qui s'occupe depuis dix ans des enfants retenus à la frontière entre le Texas et l'Etat mexicain de Chihuahua, a raconté à l'AFP le désespoir des enfants séparés.
"Les enfants tendaient les mains à travers la clôture métallique, pleurant et tentant d'atteindre leur mère", a-t-elle relaté. "C'était horrible (..) des tout-petits et des bébés sont enfermés dans ces centres".
M. Trump, qui a une nouvelle fois appelé le Congrès à se saisir du dossier de l'immigration, a reconnu que sa femme Melania et sa fille Ivanka avaient pesé sur cette décision, soulignant que le sujet leur tenait particulièrement à cœur.
"Merci président d'avoir pris cette décision cruciale pour mettre fin aux séparations des familles à la frontière", a tweeté cette dernière quelques minutes après la signature.
En signant son décret, Donald Trump ôte l'"urgence" avec laquelle les parlementaires sentaient encore ce matin qu'ils devaient agir, a reconnu le sénateur républicain Marco Rubio, tout en poussant pour qu'une loi soit tout de même approuvée afin de graver dans le marbre législatif la volonté de ne pas séparer les familles.
Le parcours parlementaire s'annonce toutefois ardu malgré la majorité républicaine au Congrès.
Dans une certaine confusion, le chef de file des républicains à la Chambre des représentants, Paul Ryan, avait annoncé quelques heures plus tôt qu'il soumettrait au vote jeudi un projet de loi afin d'empêcher ces séparations.
Mais il n'est pas encore certain qu'il parvienne à rallier toutes ses troupes autour d'un texte qui devrait inclure également d'autres volets sur l'immigration crispant ses ailes dures comme modérées (statut des "Dreamers", nette réduction de l'immigration légale).
Les démocrates eux ont déjà dits qu'ils ne voteraient pas pour cette loi. Et même si elle passe la Chambre basse, son approbation est largement compromise au Sénat, où les républicains disposent d'une très faible marge (51-49).
- Le pape donne de la voix -
Les images de ces milliers d'enfants en pleurs arrêtés puis placés dans des centres, divisés en cages grillagées ou dans des camps faits de tentes, ont fait scandale.
A New York, une chaîne de télévision a diffusé mercredi des images de cinq fillettes accompagnées d'adultes, parlant espagnol, marchant en pleine nuit vers un centre d'accueil du quartier de Harlem, suggérant que ces enfants sont placés incognito.
La Première ministre britannique Theresa May a jugé "profondément choquantes" ces images "d'enfants détenus dans ce qui semble être des cages". "Ce qui se passe aux Etats-Unis est inacceptable", a affirmé le Premier ministre Justin Trudeau.
"La dignité de la personne ne dépend pas de son statut de citoyen, de migrant ou de réfugié. Sauver la vie de qui s'échappe de la guerre et de la misère est un acte d'humanité", a également assuré le pape François sur Twitter.
Avec AFP